lundi 28 avril 2008

La serre, la comtoise et le Bucher

Les activités de maraîchage, souvent en bio, se développent principalement près des centres urbains. La traction animale y est fréquemment utilisée pour les multiples travaux de production de légumes.
Un exemple... au coeur du Perche, avec la ferme collective de la Bourdinière à Moutiers-au-Perche. Outre les légumes vendus sur le marché de Nogent-le-Rotrou et aux AMAP (association pour le maintien d'une agriculture paysanne) des Six-Vallées à Nogent, du Mêle-sur-Sarthe et de Réveillon, la ferme de la Bourdinière produit un pain au levain naturel et des produits laitiers.
En prévision de la mise en terre de choux et de salades, Cédric a préparé le terrain par un buttage réalisé avec sa comtoise Hôtesse et à l'aide d'un porte-outils universel Bucher muni de 2 socs butteurs. Ce type de porte-outils était fabriqué dans les années 50-60 en Suisse. Il n'est plus commercialisé. Sur son site, l'association Hippotèse y consacre de longues explications techniques et qualifie cet instrument de "complet, sans être complexe" (http://www.hippotese.free.fr/ puis cliquer dans la rubriques "fiches techniques").
Pratique :
Ferme collective de la Bourdinière
02 33 83 50 46
Vente à la ferme le vendredi de 16 à 19 heures, le samedi de 9 à 12 heures et de 15 à 18 heures.
JLD.

mercredi 23 avril 2008

Remonter la pente

Il se confirme, de diverses sources, qu’un nouveau mot d’ordre circule chez les gestionnaires d’espaces boisés : « Il faut aller chercher le bois ». Sous-entendu, là où on ne va plus le chercher depuis longtemps. Cette consigne découle des nouvelles donnes économiques en matière de bois : augmentation de la demande et prix à la hausse.

Mais alors, où est-il, ce bois inexploité ? Dans les zones difficiles d’accès qui rendaient l’extraction trop coûteuse, et en premier lieu dans les pentes, en bordure de rivières et de zones humides.

Cette nouvelle politique ne change rien au travail à accomplir pour sortir ces bois oubliés. Les pentes jouent toujours les répulsifs antitracteurs. Eurêka ! Il y a la traction animale. L’avenir proche pourrait donc être en pente plus ou moins douce pour les débardeurs au cheval qui vont donc continuer à « remonter la pente ».

Pour illustrer cette nouvelle tendance, suivons en images Jean-Jacques et Vincent Séité et leurs traits bretons Oscar et Ramsès, secondés par Élodie Baudin en formation traction animale au CFPPA de Montmorillon dans la Vienne et de Pierre-Marie Le Bayon en formation au CFPPA de Mirecourt dans les Vosges.

Sur la commune de Quéven dans le Morbihan, ils ont sorti plusieurs centaines de m3 de bois, châtaigniers, chênes, hêtres, des pentes qui entourent les rives du Scorf dans le bois de Kercadoret. Un travail difficile, technique, effectué en traîne directe, ou à l’aide de câbles et de poulies de renvoi quand la pente ne permet pas le travail avec les chevaux.

Le bois de Kercadoret appartient au Conseil général du Morbihan qui s’est donné pour objectif d’ouvrir au public ses espaces naturels protégés, ce qui impose dans le même temps un entretien régulier pour éviter aux promeneurs tout risque d’accident. À voir Oscar et Ramsès descendre et remonter les pentes au dessus du Scorf, on comprend qu’ils sont prêts à répondre aux nouvelles directives et qu’on peut compter sur eux pour « aller chercher le bois ».

JLD.

lundi 21 avril 2008

"Entreprise à traction animale"

« Entreprise à traction animale », c’est ainsi que Jean-Jacques Séité définit son activité. Certes, l’homme de Guilers dans le Finistère consacre du temps au débardage avec ses traits bretons. Mais au fil des années, il a réussi à diversifier le champ de ses compétences. En particulier dans des interventions innovantes liées à la protection de l’environnement.
Le chantier de Landévant dans le Morbihan en est un bon exemple. Espace naturel protégé classé Natura 2000, la lande du Bois de Listoir souffrait d’une amorce de colonisation par des bouleaux. Ramsès, trait breton de 3 ans, Jean-Jacques et son fils Vincent ont été appelés pour procéder à l’arrachage des essences indésirables. Tâche ardue mais accomplie sans encombres.
À la fin du chantier, Ramsès a à nouveau été sollicité pour procéder au ramassage d’environ un millier de protections plastiques antichevreuils qui avaient été installées autour de plants d’aulnes. Milieu humide couvert d’ajoncs, de genêts, et de différentes plantes herbacées, la lande se laisse difficilement approcher. Son sol spongieux la protège des intrusions intempestives, celles d’engins motorisés par exemple. Le cheval de trait offre une solution idéale pour réaliser des travaux d’entretien.
Les landes bretonnes sont le résultat de défrichements très anciens qui avaient pour but de fournir des lieux de pâture aux troupeaux. Milieu ouvert, lumineux, la lande offre un abri à une grande variété d’insectes et de papillons. Mais contrairement aux idées reçues, elle nécessite un entretien régulier pour éviter une colonisation par les bouleaux dans un premier temps puis par d’autres essences, ce qui lui ferait perdre ses caractéristiques pour redevenir un espace boisé.
Depuis plusieurs années, J.-J. Séité tente d’élargir le champ d’action de ses chevaux de trait à diverses activités liées à l’entretien des milieux naturels. Pendant de trop longues années, les gestionnaires de ces espaces n’ont eu que le réflexe de la mécanisation lourde pour leurs interventions, reléguant la traction animale au rang des antiquités. Les menaces environnementales pressantes et le coût de plus en plus élevé des énergies fossiles amènent à reconsidérer la traction animale comme une réponse pertinente à de nombreux travaux d’entretien d’espaces sensibles.
Mais la méconnaissance des possibilités offertes par la traction animale dans ces domaines liés à l’environnement est évidente. Il serait souhaitable, et urgent, que toutes les forces traditionnelles qui oeuvrent au développement et à la promotion du cheval de trait se concertent pour répertorier par tous les moyens disponibles les possibilités offertes par la traction animale. Le domaine de l’environnement représente à l’heure actuelle un gisement important de travail. Mais cela ne pourra se concrétiser que si les gestionnaires disposent d’informations précises et fiables sur les possibilités de ces techniques et sur les professionnels certifiés aptes à accomplir ces tâches.
De leur côté, les acteurs de la traction animale ne peuvent se permettre l’amateurisme. La gestion de chevaux de travail ne s’improvise pas. De plus, les chantiers environnement répondent à des cahiers des charges très précis avec des obligations à respecter à la lettre. Le travail lui-même fait appel à des connaissances pointues en matière de gestion des milieux naturels. Ce sont en fait de nouvelles formes d’activité qui se mettent en place pour les acteurs les plus dynamiques et les plus innovants de la filière traction animale.
L’image du débardeur traditionnel empilant ses grumes en bord de layon s’estompe, au profit d’un professionnel multiservices des milieux naturels. Ce qui donne raison à J.-J. Séité quand il utilise l’expression « entreprise à traction animale » qui devrait à terme supplanter celle de « débardeur au cheval ».
JLD.
Photo 1 : Vincent Séité rassemble les protections antichevreuils.
Photos 2, 3, 5 : Élodie Baudin, en formation au CFPPA de Montmorillon, seconde J.-J. Séité.
Photo 4 : Les drosera, plantes carnivores, ne sont pas encore de retour, mais cela ne devrait pas tarder.