jeudi 19 mai 2016

Les Landes De Bercon



Pour leur quasi début en paire, Ukrain et Vaillant ont fort à faire avec une parcelle d'un peu moins d'1,5 hectare enserrée dans un écrin forestier aux essences multiples.
Cette pièce de terre a mauvaise réputation. Pensez donc ! Au cœur des landes de Bercon. "Avec un agriculteur travaillant en conventionnel, il y a longtemps que ce champ serait retourné à ses origines forestières". Mais voilà, Bernard Dangeard n'a rien d'un agriculteur conventionnel. Après plusieurs dizaines d'années passées à labourer, biner, butter, décavaillonner, ici en Sarthe ou là-bas dans la Drôme, ça l'amuse ce champ arraché de longue date aux landes de Bercon.

Les landes de Bercon sont entrées il y a longtemps dans l'histoire. Dans un ouvrage intitulé Si Fresnay m'était conté, Yan Serf (Éditions PubliBook) raconte la légende de la reine Berthe. "Le monarque, Robert le Pieux, roi de France, ayant épousé Berthe, sa cousine issue de germain, le pape Grégoire V examina l'affaire dans un concile, suivant la discipline du temps. Le mariage fut déclaré incestueux et le concile décida que les époux seraient tenus de se séparer et de faire pénitence [...]. La reine Berthe vint chercher asile dans les landes de "Bercon", à l'époque abandonnées ; elle consacra le reste de ses jours à des œuvres de charité".





Mais revenons à notre labour. La présence de rumex dans toute la partie basse de la parcelle explique sans doute la mauvaise réputation qui accable cette parcelle fâchée avec la ligne droite. "Mais il n'y a pas que ça ! Les rumex poussent sur une mouillère alors que la partie haute toute en sable s'assèche en deux jours sans pluie". Cette composition 2 en 1, ce n'est que la partie visible des pièges que renferme le champ des landes de Bercon. La partie immergée ou plutôt enterrée de l'iceberg des pièges est sans doute la plus redoutable. "Des pierres énormes, et même des rochers qui affleurent". Faire le champ des landes de Bercon sans casser quelque chose relève de l'exploit, et pourtant Bernard connaît parfaitement l'emplacement de quelques-uns de ces pièges datant... de l'âge de pierre. Dans son rapport de stage, Guillaume pourra écrire sous le titre Labour aux landes de Bercon : "Arrêt de quelques heures pour aller faire souder une pièce".



Cette charrue brabant de marque Huard fabriquée dans la vallée du Rhône a une histoire. "Elle servait, en même temps qu'un cultivateur, de décoration sur un rond-point à l'occasion d'une fête, à l'entrée de Tain-l'Hermitage dans la Drôme. Les deux outils étaient en parfait état de marche. Après la fête, je me suis renseigné auprès de la municipalité pour savoir s'il était possible de les acheter. On m'a fait comprendre qu'il était impossible de les vendre... mais que les donner pouvait être envisagé".

Si par hasard vous demandez à Bernard pourquoi il persiste à travailler une parcelle aussi ingrate et aussi peu rentable, la réponse ne tardera pas. "Avec mes percherons, ça m'amuse".
Mais il y a peut-être une autre raison. Bernard ne serait-il pas à la recherche de quelques traces du passage de la reine Berthe ?



Bernard Dangeard
06.44.11.15.84.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Petit rectificatif:
Les charrues Huard ont été fabriquées sur les bords de la Chère, petite rivière traversant Châteaubriant (44).
La Maison Huard a été fondée en 1863, par J.F Huard pour l'entretien et la réparation des moulins à eau et à vent. Après la fabrication de différents matériels agricoles, la première charrue est apparue en 1900.
Huard est devenu le plus important fabricant de charrues au niveau national.
La Société Huard dépose le bilan en 1987 et est rachetée par Khun.
Bernard Choplain.

Dangeard a dit…

Bien sûr le siège de "Huard" était à Chateaubriant. Mais comme Huard en a vendu dans toute la France, celle-ci vient de la Drôme, de Tain L'Hermitage, où elle a décoré les parterres de la ville durant une saison, avant de reprendre du service ! Bernard Dangeard