Ce 2 juin, jour de l'Ascension, l'empereur Napoléon 1er a fait une descente au haras du Pin pour la première de la saison 2011 des Jeudis du Pin.
Vous avez compris qu'il s'agissait de la reconstitution historique d'une visite, véritable celle-là, de l'empereur accompagné de sa seconde épouse l'impératrice Marie-Louise d'Autriche. Une visite effectuée en 1811.
Arrivé en attelage, le couple impérial était escorté par les cavaliers de la garde à cheval et a été accueilli par le directeur du haras, le chevalier d'Abzac, lui-même à cheval.
Le bon peuple est venu en grand nombre et le couple impérial a même dû attendre aux grilles du haras que tout le monde en ait terminé avec les formalités d'admission pour faire son entrée dans la cour d'honneur.
Dans la longue procession des attelages suiveurs, nous avons repéré cet attelage à 4 percherons gris, mené par François Noël.
1811 ? Des percherons ?
Mais au fait, qu'en était-il du percheron à cette époque, au haras du Pin ?
Jetons un coup d'oeil aux archives, et en particulier aux recherches faites par Sanders pour son livre publié en 1916 à Chicago "A History of the Percheron Horse".
Le mot percheron commence tout juste à être utilisé dans les documents officiels et le haras du Pin accueille bien -depuis 1808- quelques chevaux qualifiés de trait, mais en très petit nombre.
En 1809, Le Perriot, gris pommelé, a été répertorié le premier comme étalon de trait.
En 1822, on parle pour la première fois de trait percheron dans le Contrôle des étalons du Pin envoyé par le comte de Maillé au directeur général des Haras à Paris le 17 août. "Désarmé 538. Trait percheron né en 1815, robe baie, queue longue. Père et mère inconnus. Entre le 5 avril 1821. Bon cheval de trait". Dans ce rapport, tous les autres chevaux sont des chevaux de selle ou d'attelage.
En 1824, le mot percheron apparaît à nouveau pour Timbalier. "Timbalier. Trait percheron, gris pommelé. Père et mère inconnus...".
Dans les années suivantes, les Contrôles font état de deux percherons, Jocko et Herbager, qui ont beaucoup travaillé dans les différentes stations qui dépendent du Pin, Bellême, Nogent et la Ferté-Bernard.
A lire les documents d'époque, on constate que les traits, pourtant légers, ne sont pas vraiment les bienvenus au haras du Pin. Sanders cite le père de Michel Fardouet, 1er président de la SHPF : "Le haras du Pin n'avait pour objectif que la production de chevaux destinés à l'Armée... Petit à petit, le gouvernement a dû céder à la pression des éleveurs du Perche qui demandaient de plus gros chevaux pour l'agriculture... Si les fermiers du Perche avaient été uniquement dépendants du haras du Pin pour avoir des étalons pour l'agriculture, cette histoire [du percheron] n'aurait jamais été écrite".
Au fil des années, les chevaux percherons finissent par s'imposer au haras mais les choses n'étaient pas toujours faciles. Le directeur du Pin qui voulait conserver les étalons percherons comme reproducteurs était en conflit permanent avec les inspecteurs venus de Paris qui voulaient uniquement les conserver pour travailler aux activités agricoles sur le haras. Ils avaient toujours l'obsession des chevaux de remonte pour l'armée.
Le couple impérial a pu assister à la 1ère représentation des Jeudis du Pin. Un spectacle de plus d'une heure où se succèdent des présentations d'étalons montés et attelés, des carrousels, des numéros de dressage. Un spectacle auquel les cobs normands et les percherons prennent un part active.
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