vendredi 27 janvier 2023

Tandems Vignerons

 

Prestataire en traction animale dans le bordelais, pendant une douzaine d’années, Lionel Maerten s’est beaucoup investi dans la conception et la réalisation de nouveaux outils destinés au travail dans la vigne. Au fil de ses années, il s’est construit une réputation de créateur travaillant « sur mesure », en cherchant toujours à répondre aux plus près à la demande de ses collègues laboureurs. Partons à la rencontre de quelques-uns des utilisateurs de ces outils sortis de l’énergie créatrice de Lionel Maerten. 

« Attention, on est accro à l’herbe ! » Cet avertissement, lancé par Rodolphe et Xavier, en guise d’accueil, aurait de quoi effrayer un visiteur peu coutumier du milieu de la traction animale vigneronne. Mais, habitués à côtoyer les laboureurs vignerons au cheval, nous savons que cette herbe-là n’a rien d’illégal même si, dans les décennies passées, elle n’était guère appréciée de nombreux propriétaires vignerons. L’herbe dont parlent Rodolphe et Xavier, c’est celle qui pousse dans le rang, celle qui, selon sa nature, peut contrarier ou favoriser le développement de « la plante choisie », la vigne.

Rodolphe Limasset et son tandem boulonnais

Xavier Auguet et son tandem percheron



En cette superbe journée de mai, nous sommes venus rencontrer Rodolphe Limasset et Xavier Auguet, tous deux laboureurs vignerons en traction animale. C’est aux environs de Sauternes, en Gironde, que nous les retrouvons, tout d’abord sur le domaine Château Lafaurie-Peyraguey. Un domaine qui a opté, il y a quelques années, pour la traction animale sur l’ensemble de ses vignes, soit 18,5 hectares.










Au premier coup d’œil, la scène, pour le moins inhabituelle dans la vigne, interpelle. Xavier et Rodolphe mènent l’un et l’autre un tandem, percheron pour le premier et boulonnais pour le second. Quant à l’outil, en grande partie masqué par le feuillage de la vigne, il semble lui aussi d’une facture singulière. En bout de rang, après avoir, avec dextérité, fait virer leur tandem, Xavier et Rodolphe, parlant d’une même voix, se font un plaisir de nous éclairer sur ces attelages vignerons. « Ce porte-outils est l’une des créations de Lionel Maerten. Quant à l’attelage en tandem, c’est sur ses conseils que nous avons mis en place ce type de traction. » Pour cette séance de travail, les deux porte-outils sont équipés de lames interceps, de quatre dents latérales et d’un rouleau faca. On remarque aussi que ces porte-outils sont dotés sur les côtés de glissières, ce qui les maintient bien en ligne dans le rang, sans aucun effort de la part du meneur. « Avec ce type d’outil, contrairement aux outils classiques déportés, nous n’avons pas besoin de nous démener pour diriger l’outil. C’est bien plus confortable pour le meneur qui n’est plus obligé de garder constamment les yeux tournés vers le sol et qui a ainsi une vue générale pour le menage. » 








Confort du meneur, mais aussi des chevaux qui sont moins contraints et qui ont plus de liberté de mouvement dans le rang avec ces outils auto-centrés.  Cet auto-centrage, grâce à la présence de glissières latérales, est l’une des principales caractéristiques des outils « innovants », réalisés depuis plusieurs années par Lionel Maerten. L’utilisation d’un tandem pour tracter ce type de porte-outils joue aussi en faveur du confort des animaux de traction qui additionnent leur force. Bien évidemment, mener un tandem attelé à un outil imposant, dans un rang de vigne, ne s’improvise pas. « Il faut avoir des chevaux cools. C’est de l’attelage, il faut trouver le bon positionnement. » Et puis, il faut aussi quelques répétitions pour aborder avec les bons gestes le demi-tour en bout de rang. « Actuellement nous disposons de six chevaux prêts au tandem. »





Cela fait maintenant quatre ans, que dans les vignes du Château Lafaurie-Peyraguey, l’on pratique l’enherbement des sols avec des « semis choisis et maitrisés » dans le rang. Pour Yannick Laporte, chef de culture du domaine, les résultats sont au rendez-vous avec « un retour de la vie des sols et la disparition des mouillères qui se trouvaient sur certaines parcelles». À entendre Rodolphe et Xavier discourir sur l’herbe, les semis, le labour, on perçoit vite qu’ils ne sont là simplement pour faire leur travail de laboureur mais qu’ils sont en questionnement perpétuel. « Nous voulons comprendre ce que nous faisons. » Comprendre ces interactions entre les sols et les plantes. Le discours des deux compères est émaillé de phrases chocs. « Nous sommes les laboureurs qui ne veulent plus labourer. » Scarifications superficielles plutôt que labours profonds qui déstructurent les sols et contrarient le développement de la vie sous toutes ses formes. L’herbe « choisie » devient alors un allié. « Il ne faut pas diaboliser l’herbe. Il faut mettre les bonnes herbes en concurrence avec les mauvaises. » Les bonnes herbes ? Celles que l’on sème, par exemple. « Le choix des céréales dépend de la nature du sol de la parcelle … orge, avoine, vesce, en fait on réfléchit beaucoup sur les semis. On s’est aperçu, par exemple que la vesce s’étale et vient prendre la place du chiendent sous le rang. » Alors, bien sûr, le paysage vigneron évolue. « Ce n’est plus l’époque des accrocs à l’esthétisme. » Tant pis pour ceux qui pensent que laisser se développer l’herbe, « ça va asseoir la vigne ». Comprendre entraver son développement. Et puis, cette phrase qui vient conclure le chapitre sur l’herbe : « plus on nettoie, plus c’est sale ».







Château Lafaurie-Peyraguey

Rodolphe Limasset
06.52.27.75.55

Xavier Auguet
06.51.49.08.54.

Lionel Maerten
06.32.49.84.56

mardi 24 janvier 2023

Le Maine L&J, Le Collier

 

À deux reprises dans les sujets précédents sur la ferme Le Maine L&J de Lionel Maerten et Julie Cruchon, nous avons pu apercevoir ce collier de travail pour chevaux de trait.
Il s'agit du collier Le Maine L&J conçu par Lionel Maerten et réalisé à quatre mains par Lionel et Julie dans leur atelier, à Montagoudin, en Gironde. 
Lors de la réalisation de l'un de ces colliers, nous avons eu le plaisir de suivre plusieurs séquences de travail qui comportaient aussi quelques moments consacrés à la réalisation de harnais par Julie.
Voici des images glanées lors de ces moments privilégiés. Il ne s'agit en aucun cas d'un tutoriel "Comment réaliser un collier pour chevaux", mais d'une série photographique que l'on pourrait intituler : "Le Juste Geste".

















« J’ai voulu créer un collier qui ne nécessite que peu d’entretien, réglable et modifiable à la demande » résume Lionel Maerten. « Cela m’a conduit à utiliser, par exemple, du polyéthylène haute densité pour les attelles et de l’inox pour les systèmes d’accroche, de fermeture et d’articulation.» Outre sa légèreté, le polyéthylène haute densité (PEHD) est un matériau particulièrement robuste et inaltérable qui présente une grande inertie chimique et qui est non toxique. Sa rigidité lui confère une excellente résistance aux chocs et aux variations de température. Dans le registre de ses qualités figure encore sa résistance à la corrosion. Un atout évident pour la réalisation d’un collier nécessitant peu d’entretien. La présence, parmi les composants du collier conçu par Lionel Maerten, d’acier inoxydable, alliage fer carbone peu sensible à la corrosion et qui ne se dégrade pas en rouille, n’a rien de surprenant non plus. À ces éléments peu oxydables que sont le polyéthylène et l’acier inox, il faut ajouter, pour établir la liste des composants de ce collier de travail, bois, mousse caoutchouc, mousse néoprène, feutre, cuir.  










Fruit d’une réflexion et d’un travail de conception de plusieurs années, ce collier, dont un prototype avait été présenté à la Fête de la vache nantaise en 2018, affiche sur la balance un poids de treize kilos. Comportant les possibilités classiques de réglage en hauteur et en largeur, il présente aussi quatre positions de réglage des points de traction.

















Pensé et conçu par Lionel Maerten, le collier Le Maine L&J est réalisé à quatre mains. Lionel se charge de la préparation des différentes pièces. Julie, quant à elle, intervient à différents stades de la fabrication comme par exemple le gainage cuir de la matelassure ou encore l’assemblage final des différents éléments.




Le collier ne représente qu’une petite partie des habits du cheval. Alors, pour ne pas être en reste, Julie s’est elle aussi investie dans l’habillage du cheval de trait, en réalisant, à la demande, des harnais.










Lionel Maerten
06.32.49.84.56
Julie Cruchon
06.50.32.73.54