Prestataire en traction animale dans le bordelais, pendant une douzaine d’années, Lionel Maerten s’est beaucoup investi dans la conception et la réalisation de nouveaux outils destinés au travail dans la vigne. Au fil de ses années, il s’est construit une réputation de créateur travaillant « sur mesure », en cherchant toujours à répondre aux plus près à la demande de ses collègues laboureurs. Partons à la rencontre de quelques-uns des utilisateurs de ces outils sortis de l’énergie créatrice de Lionel Maerten.
« Attention, on est accro à l’herbe ! » Cet avertissement, lancé par Rodolphe et Xavier, en guise d’accueil, aurait de quoi effrayer un visiteur peu coutumier du milieu de la traction animale vigneronne. Mais, habitués à côtoyer les laboureurs vignerons au cheval, nous savons que cette herbe-là n’a rien d’illégal même si, dans les décennies passées, elle n’était guère appréciée de nombreux propriétaires vignerons. L’herbe dont parlent Rodolphe et Xavier, c’est celle qui pousse dans le rang, celle qui, selon sa nature, peut contrarier ou favoriser le développement de « la plante choisie », la vigne.
Rodolphe Limasset et son tandem boulonnais |
Xavier Auguet et son tandem percheron |
Confort
du meneur, mais aussi des chevaux qui sont moins contraints et qui ont plus de
liberté de mouvement dans le rang avec ces outils auto-centrés. Cet auto-centrage, grâce à la présence de
glissières latérales, est l’une des principales caractéristiques des outils
« innovants », réalisés depuis plusieurs années par Lionel Maerten.
L’utilisation d’un tandem pour tracter ce type de porte-outils joue aussi en
faveur du confort des animaux de traction qui additionnent leur force. Bien
évidemment, mener un tandem attelé à un outil imposant, dans un rang de vigne,
ne s’improvise pas. « Il faut avoir
des chevaux cools. C’est de l’attelage, il faut trouver le bon positionnement. »
Et puis, il faut aussi quelques répétitions pour aborder avec les bons gestes
le demi-tour en bout de rang. « Actuellement
nous disposons de six chevaux prêts au tandem. »
Cela
fait maintenant quatre ans, que dans les vignes du Château Lafaurie-Peyraguey,
l’on pratique l’enherbement des sols avec des « semis choisis et maitrisés » dans le rang. Pour Yannick
Laporte, chef de culture du domaine, les résultats sont au rendez-vous avec
« un retour de la vie des sols et la
disparition des mouillères qui se trouvaient sur certaines parcelles». À
entendre Rodolphe et Xavier discourir sur l’herbe, les semis, le labour, on
perçoit vite qu’ils ne sont là simplement pour faire leur travail de laboureur
mais qu’ils sont en questionnement perpétuel. « Nous voulons comprendre ce que nous faisons. » Comprendre ces
interactions entre les sols et les plantes. Le discours des deux compères est
émaillé de phrases chocs. « Nous
sommes les laboureurs qui ne veulent plus labourer. » Scarifications
superficielles plutôt que labours profonds qui déstructurent les sols et
contrarient le développement de la vie sous toutes ses formes. L’herbe
« choisie » devient alors un allié. « Il ne faut pas diaboliser l’herbe. Il faut mettre les bonnes herbes en
concurrence avec les mauvaises. » Les bonnes herbes ? Celles que
l’on sème, par exemple. « Le choix
des céréales dépend de la nature du sol de la parcelle … orge, avoine, vesce,
en fait on réfléchit beaucoup sur les semis. On s’est aperçu, par exemple que
la vesce s’étale et vient prendre la place du chiendent sous le rang. »
Alors, bien sûr, le paysage vigneron évolue. « Ce n’est plus l’époque des accrocs à l’esthétisme. » Tant pis
pour ceux qui pensent que laisser se développer l’herbe, « ça va asseoir la vigne ». Comprendre
entraver son développement. Et puis, cette phrase qui vient conclure le
chapitre sur l’herbe : « plus
on nettoie, plus c’est sale ».
Rodolphe Limasset
06.52.27.75.55
Xavier Auguet
06.51.49.08.54.
Lionel Maerten
06.32.49.84.56
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