À Saint-Savinien-sur-Charente, ville de 2500 habitants en Charente-Maritime, les mois d'été sont vécus cette année comme une période test pour la collecte des déchets. En effet, depuis juillet une jument percheronne assure la collecte des déchets recyclables et des corbeilles de ville dans les rues étroites du centre ville et dans l'île de la Grenouillette, zone verte blottie dans un méandre de la Charente.
Le Conseil municipal de Saint-Savinien, petite cité de caractère qui appartient au réseau Villages de pierres et d'eau, a accordé à la traction animale une période test de quelques mois. En septembre, un bilan de cette collecte hippomobile sera établi avec à la clé une éventuelle pérennisation du service.
Le projet a été porté par Jacky Prouteau, adjoint au maire, avec la bénédiction du 1er édile communal, Jean-Claude Godineau.
Les rencontres sont nombreuses. Alain Berland, le meneur, et Yann Massonnet, le rippeur, répondent volontiers aux questions pendant que Quichenotte se fait prendre en photo.
En fait, tout semble réuni à Saint-Savinien pour que la collecte hippomobile des déchets soit un succès. Le service se déroule sur trois zones distinctes accolées les unes aux autres. L'attelage parcourt d'abord les ruelles difficiles d'accès et étroites qui longent la falaise en direction de l'église. Il a fallu réduire légèrement la hauteur du porte-conteneurs pour passer sous un éperon rocheux. On comprend aisément que les camions habituels de collecte éprouvent de sérieuses difficultés à circuler dans ces ruelles taillées à flanc de roche.
Quichenotte, après avoir franchi le pont sur la Charente, promène ensuite ses conteneurs sur l'île de la Grenouillette. Jardin public, camping, tennis, plan d'eau, mini-golf... La Grenouillette possède tous les atouts d'une zone verte dédiée à la fois aux activités sportives et à la détente. Pour Quichenotte, la Grenouillette, c'est l'occasion de se faire voir, de faire parler d'elle. Nul besoin d'explications supplémentaires pour justifier le rôle essentiel de lien social que joue la traction animale dans ces activités urbaines. Il suffit de suivre Quichenotte pendant quelques minutes pour comprendre...
Quand la percheronne finit par s'extraire des mains câlines de ses admirateurs, elle repasse le pont et entame la 3ème partie de la collecte dans les rues étroites de la ville basse.
D'un point de vue économique, avant même que le bilan de cette période test n'ait été fait, on peut penser que l'utilisation du cheval dans de telles conditions est tout à fait justifiée. Plusieurs études ont montré que dans les hyper centres et dans les ruelles étroites difficiles d'accès, le cheval revenait moins cher que le camion de collecte. Autre point favorable à la collecte hippomobile à Saint-Savinien, les trajets sur les grandes avenues, là où le cheval est peu rentable, sont inexistants.
Pour cette collecte hippomobile, la ville de Saint-Savinien a choisi de faire appel à un prestataire de services. La mise en place de ce service a donc été confiée à Bernard Guillot, de Tailllebourg à seulement 4 km de Saint-Savinien. Un élément qui a son importance. La logique étant de limiter au maximum les transports pour conserver au projet une cohérence environnementale.
Bernard Guillot et sa fille Laurence sont des éleveurs et utilisateurs de chevaux percherons connus dans la région. Laurence Guillot fait même partie du Conseil d'administration de la Société hippique percheronne de France. S'il n'a eu aucun souci pour le cheval puisque tous les percherons de son élevage sont formés à l'attelage, Bernard Guillot a dû choisir entre quelques fabricants de matériel hippomobile. C'est finalement le porte-conteneurs de l'entreprise BMH de Bernard Michon qui a été choisi. En quelques années, Bernard Michon, basé à Azé en Saône-et-Loire, est devenu une figure incontournable du matériel hippomobile à vocation urbaine, et de très nombreuses villes en France sont équipées par l'entreprise BMH.
Situés à mi-parcours dans l'île de la Grenouillette, des conteneurs permettent de vider les conteneurs de l'attelage avant de repartir pour la 2ème moitié du parcours.
Septembre venu, sonnera l'heure du bilan. Après avoir mis sur la table du Conseil toutes les données environnementales, économiques, sociales, humaines, il conviendra de répondre à la question : Pérennisation ou pas ?
Dans le cas où la collecte hippomobile obtiendrait le feu vert des responsables locaux, on peut penser que le cheval à Saint-Savinien occuperait bien d'autres fonctions... Transport de personnes, entretien d'espaces verts...
Un été pour voir ? C'est tout vu, a-t-on envie de dire.