mercredi 25 novembre 2015

Hazebrouck S'Arrête




Dans le milieu du cheval de travail, il suffisait de dire "Hazebrouck" pour faire naître des images futuristes de collecte de déchets à l'aide de caissons innovants, créés par Veolia et attelés à un cheval de trait.

Le 1er janvier 2016, Hazebrouck et Bailleul, ville voisine convertie en 2012 à la traction animale, repasseront au tout-motorisé. Exit la collecte hippomobile.
C'est par un article du journal La Voix du Nord publié le 10 novembre 2015 sous la plume de Raphaëlle Remande que la nouvelle s'est répandue. Décision politique, explique la journaliste qui précise que le contrat de collecte avec le SMICTOM, le Syndicat mixte de collecte et de traitement des ordures ménagères, arrive à expiration fin 2015 et que les maires de Hazebrouck et Bailleul ont décidé de ne pas le renouveler.
La raison ? "Le coût".
La collecte hippomobile s'avère être 7% plus chère qu'un même service à l'aide de véhicules motorisés classiques. Un surcoût apparemment insupportable pour les élus locaux. "Ce sont les communes qui choisissent les services, puis le SMITCOM applique ce que les communes souhaitent", explique Philippe Brouteele, président du SMITCOM.

Du côté de Veolia, fer de lance de ce service unique en France, certaines voix regrettent cette décision en précisant que si le surcoût de 7% est une réalité, il doit être mis en balance avec "les aspects environnementaux associés". On peut en effet s'étonner de voir qu'au moment où se tient en France la COP 21, souvent qualifiée de conférence de la dernière chance, un service qui contribuait à la réduction des gaz d'échappement et à celle de la consommation d'énergie fossile passe ainsi à la trappe.
Hazebrouck, après une série de reculades dans d'autres villes suite aux dernières élections municipales, vient confirmer que le cheval territorial est définitivement un cheval politique soumis au jeu démocratique des alternances électorales, ce qui en fait un service des plus difficiles à pérenniser.
Désormais Hazebrouck et Bailleul ne seront plus que deux villes du Nord.





En novembre 2011, année du début du service, nous avions passé une journée à suivre la collecte hippomobile à Hazebrouck.
Voici deux extraits d'un article publié à cette occasion dans le numéro 46 du magazine Sabots :

"L’introduction de la collecte des déchets par Véolia à l’aide d’une benne hippotractée correspond à une volonté de s’inscrire activement dans une politique de préservation de l’environnement. Les points forts  de la collecte hippomobile des déchets commencent à être bien connus : réduction des gaz à effet de serre ; réduction de la consommation d’énergies fossiles grâce à l’utilisation d’une énergie alternative et renouvelable, le cheval de trait ; diminution des pollutions sonores et atmosphériques. Dans un communiqué de presse, l’entreprise Véolia Propreté cite quelques chiffres en rapport avec les économies d’énergie réalisées et en particulier l’économie de gaz-oil  qui est de 13 000 litres par an. La mise en place de la collecte au cheval a aussi un impact sur la qualité du tri, comme le précise le directeur régional de Véolia : « Nous nous sommes aperçus que les gens faisaient davantage attention au tri. Le cheval incite les riverains à mieux trier, en créant un lien affectif. Nous avons constaté une diminution des refus, les déchets mal triés. En remplaçant les moteurs thermiques cachés par un moteur animal visible nous sensibilisons les citoyens à l’enjeu de la production de déchets et au besoin de  modifier nos  habitudes pour limiter les quantités produites ». 



"Après une petite heure de collecte, les sacs jaunes emplissent la totalité de la benne. L’attelage s’engage alors dans une petite cité pavillonnaire. Un caisson vide a été positionné sur un parking, un peu à l’écart des maisons. Le changement de caisson ne prend que quelques minutes. Jeanne, Edouard et Jérémie connaissent parfaitement bien la manœuvre. Il faut déposer le caisson plein, positionner le châssis devant le caisson  vide, le faire rouler sous le châssis. Le caisson bien positionné, il suffit de mettre en marche le relevage actionné par un système hydraulique alimenté en électricité par une batterie. Des études sont en cours pour l’installation de panneaux photovoltaïques. Pendant toute l’opération, Loriane, habituée aux arrêts aux points de rupture, les sites de changement de caisson lorgne avec envie vers la pelouse malheureusement un peu trop éloignée. La collecte du caisson plein est assurée un peu plus tard à l’aide d’un camion doté d’un portique à chaînes  pour la levée du caisson. Les sacs tombent alors par simple gravitation dans la benne du camion."



4 commentaires:

LICHTFUS, thierry (b) a dit…

dommage une fois de plus

Sylvie MARTZ a dit…

Malheureusement le bilan financier d'une opération l'emporte trop souvent sur les bilans carbone, environnemental, social... Les raisonnements sont plus faciles à courte vue...
Mais qu'est que 7% de coût supplémentaire quand tant d'autres avantages ne sont plus à démontrer
Et combien d'argent est par ailleurs dépenser mal à propos?
C'est au travers de cette nouvelle décision pour un motif politico financier qu'on peut deviner que COP21 ou pas, rien ne risque de changer ou pas grand chose A moins que ce ne soit très politiquement correct.....
Et il y a fort à parier que dans quelques années, les races de trait ayant été écartées de là où elles peuvent être utiles et devenant ou redevenant menacées, la politique mettra en place des primes ou subvention pour les sauver de nouveau Ca coûtera probablement plus cher mais sans doute est cela qu'on nomme la roue qui tourne...dans le vide !

Brigitte Guillaume a dit…

Dans l'indicateur des Flandres du 28 octobre dernier, les municipalités évoquent d'autres raisons pour justifier l'arrêt de la collecte à cheval...
D'après le Maire d'Hazebrouck "Les horaires ne sont pas adaptés et il y a des bouchons. Le matin quand on prend son véhicule, il faut que tout soit dégagé. Beaucoup de personnes sont exaspérées par ce mode de passage", puis il rajoute "Certains disent même que c'est plus polluant avec les voitures ralenties par le cheval".
L'élu de Bailleul, de son côté, dénonce en tant que médecin "les risques de troubles musculo-squelettiques pour les employés qui doivent jeter les sacs".
J'espère vivement que le 21 décembre prochain, lors de la dernière tournée de ramassage hippomobile, les habitants seront conscients qu'ils n'auront plus d'excuses bidons pour arriver en retard au travail. Quant aux employés, ils auront malheureusement tout loisir pour soigner leurs douloureuses courbatures !

Sylvie MARTZ a dit…

D'ailleurs que devient le personnel lié aux prestations du cheval quand le service cesse comme ça? Je n'ai rien trouvé sur le sujet
Chômage? Reclassement?
Dans tous les cas ça peut mener vers d'autres troubles musculo squelettiques ! ou dépression diverses et un coût, en cas de chômage, certainement bien supérieur au fameux 7% de surcoût du cheval!
Enfin tout ce raisonnement n'a pas de sens et encore moins que la raison financière Quelle honte !