mardi 14 juin 2016

Tests Trempés comme une Soupe

Beaucoup d'interrogations dans les yeux de ces deux pouliches quand on leur a annoncé qu'elles allaient participer, sur le site du Parc naturel régional du Perche, à des tests de tempérament simplifiés (TTS).

Le manoir de Courboyer et les vertes prairies de la Maison du Parc à Nocé ont servi de cadre à ce 1er rassemblement percheron dédié aux tests de tempérament.

C'est avec le manoir de Courboyer en toile de fond que ce sont déroulés, dimanche 12 juin, les premiers tests officiels de tempérament simplifiés pour les pouliches et poulains percherons de 1 an du département de l'Orne.
Cette journée, historique pour le Syndicat ornais du cheval percheron qui mettait ainsi en pratique les nouvelles dispositions élaborées par l'IFCE/INRA et mises en œuvre par la SFET, a été copieusement arrosée. À la pluie fine et persistante du matin ont succédé des averses violentes pendant tout l'après-midi.

En dépit de l'adversité engendrée par ces conditions météorologiques peu habituelles pour un mois de juin, les neuf percherons de 1 an, huit pouliches et un poulain, engagés sur la base du volontariat par leurs propriétaires, ont pu découvrir la teneur de cette "caractérisation" qui peut se poursuivre pour chaque animal sur une durée de quatre ans.
Ce Parcours d'Excellence du Jeune Équidé de Travail (PEJET) est un travail de longue haleine dont on ne pourra juger de l'efficacité qu'à long terme. "Le Parcours d'Excellence a pour ambition d'apporter les informations pour apprécier au mieux les modèles et allures des vingt-quatre races [regroupées au sein de la SFET] mais aussi leur tempérament, leur docilité, leur potentiel attelé et monté, ce qui relève de l'inné, de l'acquis, en corrélation avec les besoins et l'évolution du marché", explique la SFET par l'intermédiaire de son site Internet.

Test de sensibilité tactile sur fond de chevaux percherons.

Récemment élu à la présidence du Parc naturel régional du Perche, Jean-Michel Bouvier, ancien notaire, maire de Verrières et conseiller départemental de l'Orne, a rencontré les éleveurs percherons présents à cette journée de caractérisation.

Bernard Boblet, président du Syndicat ornais du cheval percheron a veillé à ce que chacun puisse travailler dans les meilleures conditions.

Rappel du concours modèles et allures. Les neuf jeunes percherons présents à cette journée ont aussi fait l'objet d'un jugement de type modèles et allures.


Test de l'objet inconnu, avec un petit tour au plus près pour juger de l'émotivité du cheval.

"Un p'tit coin d'parapluie...".

Test de soudaineté, cette fois encore pour juger de l'émotivité. Décidément, le parapluie, décliné en une multitude de couleurs, a été le roi de la journée.

Jean-Luc Bâcle, nouveau président du Syndicat sarthois du cheval percheron, avait fait le déplacement de Nocé. Avec la journée TTS sarthoise programmée pour le 18 juin à 10 heures à l'Arche de la Nature près du Mans, le président a longuement évoqué avec son homologue ornais Bernard Boblet les conditions de la mise en place d'une telle journée et a pris bonne note des écueils à éviter.

Inconnus jusqu'à une date récente chez les chevaux de trait, les tests de caractérisation supposent une organisation différente de celle des concours modèles et allures. À la fois chef d'orchestre et juge de paix, un "observateur" accrédité et donc formé officie en qualité de maître de cérémonie. C'est à lui que revient aussi la tâche de transcrire et transmettre à l'organisme centralisateur les données recueillies pendant ces tests. Bernard Dumont St Priest, de l'IFCE, assurait cette tâche à Nocé. Mais au fait, que deviennent ces évaluations ? Qui sera en charge de l'analyse des évaluations ? À quelle échéance peut-on envisager des "retours sur investissement" ? Sans doute nous dira-t-on que nous n'en sommes qu'aux balbutiements des tests de tempérament et qu'il est bien trop tôt pour se poser toutes ces questions. Savoir qui fait quoi ne nuirait peut-être pas à la cohésion nécessaire à un projet d'une telle envergure. Revenons à notre observateur, qui est secondé dans sa tâche par des "assistants observateurs" eux aussi formés au préalable. Des assistants observateurs au nombre de trois sur le concours de Nocé.

On a bien compris qu'un processus de caractérisation tel que celui qui est mis en place par le trio SFET/IFCE/INRA avec le concours des Associations nationales de race ne sera porteur de retombées qu'à moyen et long terme. Avec la mise en route et en tests chaque année d'une nouvelle tranche d'âge -2 ans ; 3 ans ; 4 ans- le programme va prendre rapidement de l'ampleur. Devenus grands et complets, les tests de caractérisation fonctionnant en vitesse de croisière nécessiteront sans doute une logistique humaine plus étoffée. Les Syndicats et associations, dont le fonctionnement n'est souvent assuré que par un nombre limité -parfois très limité- de personnes, devront alors revoir à la hausse le nombre de leurs forces vives et actives. Reste cependant une inconnue, d'importance, le degré d'adhésion du monde de l'élevage à ce processus de caractérisation.


"Un p'tit coin d'parapluie" pour nous rappeler que le Parc naturel régional du Perche plonge ses racines dans le département de l'Orne, mais aussi dans celui d'Eure-et-Loir, soit 97 communes. Un territoire qui recouvre en partie le berceau de race d'origine du cheval percheron.


En deux temps, le test de la surface nouvelle ou la capacité à aborder les situations inconnues.


Syndicat ornais du cheval percheron.
06.22.27.46.55.
bernard.boblet@orange.fr

Parc naturel régional du Perche.
www.parc-naturel-perche.fr

SHPF.
www.percheron-france.org

SFET.
www.sfet.fr

IFCE.
www.ifce.fr

INRA.
www.inra.fr

5 commentaires:

Brigitte Guillaume a dit…

Ce reportage aurait mérité une pluie de commentaires bien trempés... Mais apparemment, personne n'a envie de se mouiller.

Pierre-Yves Berger a dit…

Le test du parapluie est enfin justifié !!
PY.

Brigitte Guillaume a dit…

Par contre attention, le test de sensibilité tactile pourrait piquer au vif les associations pour le bien-être animal...

Anonyme a dit…

Bonjour,

Quel est l'objectif de ces tests ? Caractériser le tempérament de chevaux qui n'y sont pas préparés pour ensuite choisir les plus "calmes/réfléchis" en termes de reproduction ? (Un peu comme les quarter horse qui ont un caractère exceptionnel du fait d'une sélection prenant en compte le tempérament depuis des générations.)

Je m'interroge en particulier parce que le test du parapluie, ou le fait de marcher sur une bâche sont des choses qui se travaillent relativement facilement avec les chevaux. Ce sont même d'excellent exercices à réaliser à la maison. En revanche la réactivité face à un objet inconnu est quelque chose qui (pour moi) révélera plus le tempérament "naturel" du cheval.

Serait-il possible d'avoir plus d'éléments sur le contexte de ces tests ?

Anonyme a dit…

Ayant trouvé plus d'informations, je m'auto-réponds avec ce dépliant assez intéressant de l'IFCE :

http://www.percheron-france.org/userfiles/1297/File/depliant-tests-de-temperament-simplifies-version-du-09-09-2014.pdf

Et effectivement il y a apparemment un "débat" sur le fait que certains s’entraînent à la maison alors que l'objectif des tests est bien de se faire sur des chevaux "non entraînés" pour ne tester que l'inné et absolument pas l'acquis.

Le point positif est qu'il est effectivement beaucoup plus parlant de tester l'inné.

Le point négatif est que les tests sont faussés pour tous les éleveurs qui auraient entraîné leurs chevaux. Après il y a ceux qui le font pour la bonne cause : manipuler un poulain dès son plus jeune âge est la meilleure façon d'en faire un cheval moins peureux et qui réfléchit plus, et il y a ceux qui le font pour la mauvaise cause : parce qu'ils veulent des chevaux moins peureux que les autres lors des tests, pensant que ça jouera en leur faveur.

Le fait que des chevaux puissent être éduqués à la maison (que ce soit pour une bonne ou une mauvaise cause) aboutit tout de même au fait que les statistiques pourraient être au final complètement faussées... et on pourrait même conclure à tort que les tests ne sont pas parlant et les qualités pas héréditaire, uniquement parce que des chevaux manipulés auront été comparés à des chevaux plus "sauvages.

Quoi qu'il en soit, l'initiative me semble tout de même excellente, et particulièrement saluable. J'ai hâte d'en connaitre les résultats !