"Regarder, regarder encore, regarder toujours, c'est ainsi seulement qu'on arrive à voir." Jean-Martin Charcot
samedi 30 décembre 2023
La Parole Aux Percherons
Alors que l'arrivée de 2024 n'est plus qu'une question d'heures, nous avons décidé de donner la parole au cheval percheron. Cela n'a pas été chose facile, nul chez les équins originaires du Perche ne voulant parler à tête découverte. Finalement une jument de robe noire - nous ne donnerons pas plus de détails - a accepté de nous parler à condition que sa photo soit floutée.
Nous.
Alors, comment s'est passée cette année 2023?
La Belle.
À titre personnel, 2023 a plutôt été une bonne année puisque j'ai pouliné d'un très beau poulain qui n'est passé inaperçu et qu'ensemble nous avons eu la grande joie d'être invités au Haras-du-Pin, à la fin septembre pour le grand rassemblement de la race.
Mais, plus généralement, 2023 nous laisse dans la plus grande incertitude. Pendant une grande partie de l'année, les plus folles rumeurs ont circulé. On a entendu tout et son contraire. Et bien, nul n'a daigné nous donner la moindre explication fiable. On a l'impression que personne ne comprend vraiment ce qui se passe. Alors que du monde entier, des gens nous font les yeux doux, à nous les percherons, alors que l'on nous disait que la protection de l'environnement était, pour les chevaux de trait, l'assurance de revenir sur le devant de la scène, on se demande si on ne va pas finir oubliés au fond de nos prés.
Nous.
Comment voyez-vous 2024?
La Belle.
Je vous l'ai dit, après cette année 2023, je suis très inquiète. De plus, pendant notre passage au Haras-du-Pin, quelques mauvaises langues - sans doute - ont laissé entendre que le "Versailles du Cheval" pourrait, à l'avenir, nous fermer ses portes. Impensable! Le Haras-du-Pin, c'est notre Festival de "cannes", à nous, les percherons. Toilettés, pomponnés, tressés de la tête à la queue...Et que je trottine, tête haute et oreilles dressées, et que je pose bien campé sur mes jambes, croupe bien apparente; et les photographes et les cameramen qui nous mitraillent sous tous les angles...
Plus de Haras-du-Pin! Ça me brise le cœur! Y'a des jours où je préférerais voir mon poulain partir à l'étranger.
jeudi 28 décembre 2023
Décès De Monsieur Alain Morin
C'est avec une grande tristesse que nous apprenons le décès, le 27 décembre 2023, de Monsieur Alain Morin, à l'âge de 73 ans.
Journaliste à la rédaction de L'Écho Républicain, à Nogent-le-Rotrou, pendant toute sa carrière professionnelle, Monsieur Alain Morin était depuis 1992 président de la Fédération des Amis du Perche. Toute sa vie, il aura été un infatigable défenseur du Perche, territoire qui l'a vu naître, et du cheval percheron.
Nous présentons nos plus sincères condoléances à Évelyne, sa sœur, à sa famille et à ses amis.
dimanche 24 décembre 2023
Noël Blanc
Des percherons dans la neige à Noël !
C'était en 1913, en couverture du plus important journal agricole américain, The Breeder's Gazette, créé en 1881 par James H. Sanders.
Joyeux noël à tous.
jeudi 21 décembre 2023
La Nuit Des Grands Cadeaux
Il faut quitter les grands axes. Prendre les petites routes empierrées. Et là, avec un peu de chance, vous découvrirez un bien étrange manège. Le vieil homme à la barbe blanche et de rouge vêtu, connu dans nos régions sous le nom de Père Noël, menant percheron, s'active en tous sens pour préparer "la nuit des grands cadeaux".
Une indiscrétion nous a permis de comprendre que la percheronne vue sur ces photos s'appellerait Églantine.
mercredi 20 décembre 2023
Crèche Avec Percheron
En nous dirigeant vers la petite commune d'Appenai-sous-Bellême, dans l'Orne, pour découvrir la crèche percheronne qui, depuis quelques années, attire un grand nombre de visiteurs à la période des fêtes, une question nous taraude : le cheval percheron, cheval emblématique du patrimoine vivant du Perche, comme chacun le sait, figure-t-il dans cette crèche ?
La crèche "monumentale" occupe une grande partie du cœur de l'église. Un rapide coup d'œil sur ce village percheron du 19ème siècle nous rassure. Une tête percheronne s'affiche au-dessus du bas de porte d'une écurie alors qu'un couple de paysans s'active dans la cour. Le cheval originaire du Perche demeure donc bien, dans l'esprit des habitants de la petite province, une de leurs figures emblématiques.
La crèche d'Appenai-sous-Bellême se visite les samedis et dimanches de 14h à 18h. Jusqu'au 14 janvier 2024.
dimanche 17 décembre 2023
Walters, En Précurseur
Évoquer l'étonnante "conquête" de l'Amérique par le cheval originaire du Perche, le percheron, entre 1860 et 1914 ne peut se faire sans mentionner les rôles déterminants joués par un certain nombre d'importateurs américains : Mark Dunham, James McLaughlin, William Singmaster, William Ellwood, pour n'en citer que quelques-uns.
Mais, c'est oublier le rôle de précurseur qu'a tenu, entre 1866 et 1887, William T. Walters, de Baltimore, dans le Maryland, sur la côte est des États-Unis. En effet, si l'on peut affirmer que W. Walters a été un précurseur en matière d'importation de chevaux percherons, même si d'autres avant lui avait fait traverser l'Atlantique à des chevaux achetés principalement sur les marchés et foires, entre Le Havre et Paris, le long de la vallée de la Seine, c'est parce qu'il a été le tout premier à avoir une vision "élevage" et donc à importer plus de juments que d'étalons.
Walters a aussi été précurseur d'une autre manière puisque ses achats ont été effectués.... par correspondance, sans que l'importateur, W. Walters en l'occurence, ne se déplace pour choisir ses chevaux ou sans qu'il envoie un acheteur en France.
W. Walters quitte son domicile de Baltimore dans son attelage composé de Prude et Sue, importées en 1878. Coll P.Biget |
William Thompson Walters naît le 23 mai 1819 dans la petite ville minière de Liverpool, en Pennsylvanie. Aîné d'une fratrie de huit, il traverse l'enfance et l'adolescence avec une éducation scolaire limitée. À l'âge de 21 ans, il rejoint la ville de Baltimore en plein boom économique. Très vite, il intègre le commerce de spiritueux, ce qui lui permet d'investir dans le développement du chemin de fer sur la côte est. Quelques années plus tard, il épouse Ellen Harper.
À l'aube d'une guerre civile qui va assombrir le pays jusqu'en 1865, William et Ellen rejoignent Paris où ils arrivent l'été 1861. Malheureusement, atteinte d'une pneumonie, Ellen décédera au cours d'un voyage à Londres, en 1862.
William Walters mettra à profit ses années en France, qui se termineront en 1865, pour se muer en véritable collectionneur d'art.
Hercules, importé en 1868. Coll P.Biget |
Dans la capitale française, William Walters verra naître une seconde passion : le percheron, le cheval de trait léger qu'il voit arpenter les rues de Paris.
Au cours de ses années passées en France, William Walters fera quelques rencontres qui se révèleront déterminantes pour le devenir de la race percheronne, aux États-Unis. Tout d'abord, le général Fleury, nommé directeur des Haras en 1860, puis Grand Écuyer de l'Empereur Napoléon III en 1865.
Autre rencontre importante pour William Walters, Adolphe Simon, directeur du haras et de l'école de dressage de Sées, dans l'Orne, qui dépendait du Haras du Pin. C'est, en effet, Adolphe Simon, qui, entre 1866 et 1886, sélectionnera en France les chevaux percherons que Walters, revenu sur le sol américain, importera en assez grand nombre. Entre 1866 date de la première importation et 1886 date de la dernière, ce sont plusieurs dizaines de chevaux percherons, juments et étalons, qui traversent l'Atlantique à la demande du collectionneur d'art de Baltimore. À ce jour, aucune information n'a fait surface sur l'accompagnement de ces chevaux pendant les voyages en train et la traversée en bateau. Seule référence à ces achats "par correspondance" cette phrase de Walters en 1886 : "Ce serait un acte d'injustice de ne pas mentionner mon appréciation de l'intégrité, du parfait jugement et de la stricte bonne foi avec lesquels j'ai été représenté dans le choix de mes chevaux en France par M. Adolphe Simon [...]"
Charles du Haÿs. Coll Draft Horse Journal |
C'est encore à Paris que que William Walters fait, en la personne de Charles du Haÿs, une rencontre qui se révèlera capitale pour la race percheronne.
Au milieu des années 1860, Charles du Haÿs termine la rédaction du premier ouvrage de référence sur la race percheronne intitulé "Le cheval percheron". William Walters obtient de l'auteur l'autorisation de de traduire ce livre et de le publier aux États-Unis. Ce qu'il fait en 1868 et à ses frais, un peu plus d'un an après son retour dans son pays. C'est l'éditeur Orange Judd & Co qui réalisera cette première édition.
"The percheron horse", traduction du livre de Charles du Haÿs connaît un grand succès qui nécessite plusieurs rééditions dans les années suivantes.
En 1886, William Walters publie une édition de luxe, agrémentée de photos de chevaux percherons qu'il a acquis de ses 20 années d'importation.. Les photos, publiées sur "papier de Chine" ont été réalisées par le Studio Schreiber & Son de Philadelphie.
Détail de l'édition de luxe publiée en 1886. Coll P Biget |
Lottie, importée en 1881. Coll P. Biget |
Attelage percheron avec Sultan et Victor. Coll P. Biget |
Étalon percheron Sultan, importé en 1881. Coll P. Biget |
Les photos réalisées par le Studio Schreiber & Son montrent que W. Walters n'a importé que des chevaux percherons de type attelage, c'est à dire léger et presque exclusivement de robe grise. William Walters était connu à Baltimore et en périphérie de la ville où on le voyait fréquemment dans un attelage mené par un homme de couleur.
C'est au début des années 1880 que les acheteurs américains ont exigés des chevaux percherons plus lourds, allant, en poids, jusqu'à une tonne et parfois plus.
Édition de luxe de la traduction du livre de Charles du Haÿs, dédicacée par W. Walters à l'intention de M. Dunham. Coll K & D Armbrust |
Étalon Victor, importé en 1881. Coll P. Biget |
Attelage agricole à quatre percheronnes avec Jacqueline, Topsy, Belle et Alene, importées en 1868. Coll P. Biget |
Attelage en paire avec les étalons Tribune et Salvator. Coll P. Biget |
Alors que Rosa Bonheur avait montré aux Américains, avec son tableau Le marché aux chevaux, copié et largement diffusé sous diverses formes dans les fermes du pays, qu'il y avait en France une race de chevaux aux allures et aux formes exceptionnelles, c'est à William Walters que revient le mérite d'avoir expliqué, grâce à la traduction du livre de Charles du Haÿs, que ces chevaux provenaient d'une petite province appelée Le Perche.
Annonce de la vente de dispersion dans le journal agricole The Breeder's Gazette. Coll Draft House Journal |
Après 20 années en partie consacrées à l'importation de chevaux percherons, William Walters a mis fin à sa carrière d'éleveur le jeudi 10 mars 1887 lors d'une vente de dispersion qui a eu lieu sur la ferme que le collectionneur d'art possédait à proximité de Baltimore.
mercredi 13 décembre 2023
Dans L'Œil Du Tournage
Emmeline Cartron aux guides de Dorine de Vanoise et de Juliette du Chemin Vert |
Peut-être avez-vous vu le "Zoom sur le Perche" qui a été diffusé le dimanche 10 décembre 2023, à la fin du Journal de la mi-journée, sur TF1 ? ( Replay possible)
Ce sujet débute avec une séquence sur le cheval percheron, tournée dans le superbe parc du Château de La Ferté-Vidame, en Eure-et-Loir.
Voici une longue série de photos réalisées lors de ce tournage ...
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