lundi 17 décembre 2012

L'Utilisation En Questions

Écomusée du Perche. Saint-Cyr-la-Rosière. Orne.
15 décembre 2012.


Ils étaient une petite cinquantaine, samedi après-midi, à se pencher sur le rôle que pourrait avoir "l'Utilisation" au sein de la Société hippique percheronne de France (SHPF). En effet, ces dernières semaines, plusieurs personnes du milieu percheron avaient exprimé leur mécontentement face à l'inertie d'une Commission Utilisation née en toute discrétion au sein du Conseil d'administration de la SHPF.

En ouverture de cette réunion de travail, attendue par certains, peut-être redoutée par d'autres, les cinq membres de cette Commission Utilisation, à savoir par ordre alphabétique Alfred Clavel, Laurence Guillot, Didier Lalonde, Brigitte Léon et Josiane Mulowsky, se sont présentés en quelques mots. La parole a ensuite été donnée à Guy Fourmont qui, avec Sandra Barré et les membres des Commissions Utilisation et Communication, a participé à une réunion de travail préparatoire qui s'était tenue le 4 décembre.

  • Josiane Mulowsky, en ouverture de la réunion.

Dès sa prise de parole, Guy Fourmont a été clair : "Nous ne sommes pas là pour alimenter une polémique entre éleveurs et utilisateurs. Tout le monde a besoin de tout le monde".
En faisant largement appel à la salle, Guy Fourmont a tenté de définir ce que pourrait être sur cinq ans un programme d'Utilisation. La structuration de la Commission Utilisation et d'éventuelles sous-commissions n'étant qu'un moyen de mettre en oeuvre la gestion des projets. En gardant toujours en mémoire un contexte économique difficile pour le cheval de trait, mais aussi un intérêt grandissant pour ce même cheval de trait dans le cadre de politiques de développement durable, Guy Fourmont a proposé de travailler selon deux axes qu'il a -d'une manière imagée- baptisés "Bricole" et "Collier".
Les objectifs de ces deux axes de travail étant de "valoriser, qualifier, utiliser les chevaux par domaine d'utilisation" et d'"augmenter le nombre et la compétence des utilisateurs par domaine d'utilisation".

La définition des deux composantes de l'Utilisation, à savoir "Bricole" et "Collier", que l'on peut d'une manière très schématique ramener aux activitées montées et attelées ("Bricole") et aux activités utilitaires ("Collier") a permis de montrer combien la qualification des multiples pôles qui constituent l'Utilisation était malaisée à formuler et sujette à discussion.

  • Guy Fourmont a largement animé cette réunion de travail sur l'Utilisation.

Tous les participants à cette réunion de travail se sont ensuite séparés en deux groupes selon leur intérêt. Les uns, de loin les plus nombreux, choisissant la Bricole, et les autres le Collier. Une voix à laquelle on n'a pas prêté attention a bien tenté un "On reste ensemble !" qui -réflexion faite- n'était pas dénuée d'intérêt. Mais en vain.

Dans chacun des groupes, la discussion a été ouverte, et l'on a tant bien que mal réussi à dégager quelques idées. Les adeptes de la Bricole sont parvenus, dans l'heure et demie allouée, à coucher quelques noms sur le tableau blanc. Du côté du Collier, l'absence de spécialistes de l'Utilisation utilitaire, en dehors de Alain Pronko, prestataire de services dans la vigne résidant de la  région Centre, n'a pas vraiment permis de faire avancer les choses.


  • Les partisans de la Bricole au travail.

  • Les partisans du Collier en pleine concertation.

La composition des deux groupes qui se sont formés est en fait très révélatrice de la situation de l'Utilisation. On voit bien que ce terme "Utilisation" regroupe un ensemble qui n'est absolument pas homogène.

D'un côté, le monde de l'attelage et de l'équitation, formé d'assez longue date. Si l'on en juge par les personnes présentes, il s'agit d'un groupe qui se connaît, formé de gens plus ou moins du berceau de race, qui ont déjà -à un moment ou à un autre- travaillé ensemble. Un groupe qui a des attaches assez bien établies avec la SHPF. Bref, un groupe plus ou moins structuré et très demandeur d'une meilleure communication.

De l'autre côté, il y a "les nouvelles Utilisations". Et là, c'est le grand vide. Et pourtant, débardeurs, laboureurs vignerons, maraîchers, meneurs territoriaux travaillent avec des chevaux de trait. Ils sont une réalité du monde du cheval de trait. Ils sont un espoir et aussi une interrogation. L'augmentation sensible du nombre des acteurs des nouvelles Utilisations va-t-elle se poursuivre dans les années à venir ? Si l'on pense que la réponse est oui, alors ils seront pour une race de trait un marché potentiel à ne pas négliger. Ces gens-là, où sont-ils ? Aux quatre coins de la France, souvent isolés. Pratiquement pas dans le berceau de race. C'est ce secteur des nouvelles Utilisations qui représente à l'heure actuelle les plus grands défis pour la race percheronne. Un défi que, pour l'instant, nul ne parvient à relever et que l'on peine à prendre en compte. Ces nouveaux utilisateurs, de quoi ont-ils besoin ? De chevaux, sans doute. Eux pourraient peut-être apporter quelques éléments de réponse à cette question lancinante des éleveurs : "Qu'on nous dise quel cheval nous devons produire". Comment se rapprocher d'eux ? Il y aurait là un grand travail à engager.




Arrivés à ce stade, accordons-nous une petite pause humour avec ces quelques photos de Guy Fourmont qui, espérons-le, ne nous en voudra pas de ce petit clin d'oeil.







Le 15 décembre 2012. Juste une réunion de plus ? C'est la crainte exprimée par Guy Fourmont en conclusion de cette journée, avec cette phrase : "Faire que cela ne soit pas qu'un feu de paille".

Au final, on peut dire que cette réunion a été positive à plusieurs égards. Elle a mis en évidence, une fois encore, le besoin impératif de communiquer, pour faire circuler l'information, mais aussi pour se connaître les uns les autres. Cette réunion a aussi permis à chacun de s'exprimer. Là encore, il y a une réelle envie, un besoin, de participer -chacun à sa mesure- à la vie percheronne. Sommes-nous à un moment charnière, celui du passage de la parole confisquée à la parole libérée ? L'avenir le dira.



Les échanges, au cours de cette réunion, ont fait émerger le souhait de voir se concrétiser certaines réformes. Les rôles respectifs des Syndicats départementaux et de la SHPF ont été évoqués. Une réunion de travail des présidents de Syndicats sur ce sujet a même été demandée.
L'émergence de personnes référentes, aussi bien pour l'attelage et l'équitation que pour les nouvelles Utilisations, est apparue nécessaire. Il s'agit là d'une action maintes fois évoquée auparavant.


En fin de réunion, à l'heure du bilan, Brigitte Léon -trésorière de la SHPF- a tourné la page. Au sens propre. La page du tableau blanc.
Là, en toutes lettres, un chiffre qui fait peur : 2500 €. C'est le chiffre de la "dotation" fonctionnement qui devrait être accordée à la SHPF pour l'année 2013. En 2011, cette subvention avait été de 57000 € et en 2012 de 43000 €. Chaque année passée, il n'a jamais été tenu compte du chiffre annoncé. Et la subvention a toujours été supérieure, mais néanmoins revue à la baisse par rapport à l'année précédente. Qu'en sera-t-il pour 2013 ? 2500 € comme prévu, 10000 €, 20000 € ? Plus ? La réponse devrait tomber aujourd'hui 17 décembre à l'occasion d'une importante réunion au niveau des Haras nationaux/IFCE. La SHPF aura sans doute à coeur de nous la communiquer rapidement.

Avec 2500 € (si ce n'est pas cette année, cela devrait être pour bientôt), il faudra sans doute prendre des mesures drastiques. L'occasion donnée à la SHPF de se replier sur elle-même et de ne se consacrer qu'à une seule tâche, celle de "gérer" l'élevage du cheval percheron, en laissant -comme cela se fait dans d'autres pays- le volet Utilisation aux très nombreuses associations qui s'occupent d'attelage, à la Commission nationale des Chevaux territoriaux, etc..? Un scénario envisageable.


La situation à l'égard de l'embauche d'un ou d'une chargé(e) de mission a aussi été évoquée. Cet emploi ferait l'objet d'un financement de 80000 € sur deux ans, de la part des Régions Centre (50%),  Basse-Normandie (30%) et de la SHPF (20%), un emploi ne pouvant pas être subventionné à 100%.
Le processus de recrutement ne devrait reprendre qu'après la prochaine Assemblée générale de la SHPF, pour l'instant envisagée le 16 février 2013. Date et lieu restant à confirmer.
Ce début d'année 2013 sera celui des changements de directions puisque le directeur du Haras du Pin, le directeur du Parc naturel régional du Perche et le président de la SHPF passeront la main.




Accueillis chaleureusement par Évelyne Morin et les autres membres de l'équipe de l'Écomusée du Perche, les participants à cette réunion ont pu admirer -dans la salle de réunion- les oeuvres de Daniel Liard. Domicilié à Autheuil, Daniel Liard propose jusqu'au 27 janvier 2013 de partir à la découverte des paysages du Perche avec une exposition intitulée "Peindre le Perche".

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Et non , la réunion du 17 décembre attendue de toutes les races ne nous donnera aucune réponse quand aux subventions aux ANR...

Elodie (shb)