lundi 24 février 2014

Tous Cousin Aux Marches Du Palais
















Tous Cousin le 5 mars à 12 h 30 aux marches du Palais de Justice d'Angers. C'est ce que vous propose Olivier Cousin, viticulteur en traction animale à Martigné-Briand en Maine-et-Loire. Vous apporterez votre pique-nique et Olivier se charge, avec l'aide de ses chevaux, de la barrique de vin rouge.
Un pique-nique aux marches du palais pour se mettre en forme en attendant de savoir si "le vigneron qui nuit à son appellation" est puni ou blanchi.

Cela fait de nombreuses années que le vigneron d'Anjou bataille avec la justice pour un problème... d'étiquette. Ou  plutôt 2800 étiquettes comportant le nom d'appellation Anjou, apposées sur ses bouteilles de vin de table. Pour cette "fraude à l'AOC", il risque deux ans de prison et 37500 € d'amende. Selon l'Institut national de l'Origine et de la Qualité (INAO), qui s'est porté partie civile, le mot Anjou ne peut être utilisé que pour des vins d'appellation, pas sur des vins de table ou de pays. Ne peuvent pas être apposés non plus des termes comme Clos, Domaine, Château...

Olivier Cousin, vigneron bien connu pour son franc-parler, a quitté volontairement l'AOC "parce que le mode de production ne [lui] convenait pas, trop de facilité, trop d'intrants". Il déclare fièrement avoir choisi la culture biodynamique et le vin de table angevin. "Je fais du vin avec du raisin et rien d'autre".
Olivier Cousin pose cette question, qui n'est pas dénuée de sens : "Pourquoi ne pas mettre les additifs sur les étiquettes ? C'est obligatoire sur un tas d'autres produits alimentaires". Depuis 1995, Olivier Cousin produit un vin naturel sans soufre. L'insoumis d'Anjou a, par son combat, attiré l'attention de toute la presse papier, télé, radio, qui lui a consacré une multitude d'articles et d'émissions. Et cela, jusqu'aux États-Unis et au Japon où le vigneron vend ses vins.

On comprend qu'au-delà de cette question d'étiquette se profile un autre combat, celui de la dissociation viticulture paysanne et viticulture industrielle. Mais Olivier Cousin l'affirme : tant qu'il le pourra, il fera du vin comme il l'entend.

Tous Cousin le 5 mars à Angers.

















Olivier Cousin n'est pas le seul à avoir des démêlés sérieux avec la justice. En lisant la presse et en écoutant radios et télévisions, vous entendrez parler d'Emmanuel Giboulot, convoqué aujourd'hui 24 février devant le tribunal correctionnel de Dijon.
Ce viticulteur de Beaune en Côte-d'Or encourt six mois d'emprisonnement et 30000 € d'amende pour avoir refusé d'appliquer sur ses vignes un insecticide, comme l'imposait un arrêté préfectoral. Ce traitement avait pour but de lutter contre une éventuelle maladie de la vigne, la flavescence dorée transmise par un insecte, la cicadelle. Emmanuel Giboulot, qui cultive dix hectares en biodynamie, a refusé de se soumettre et rétorque que cet insecticide, autorisé en agriculture biologique, n'est pas sélectif et qu'il détruit la cicadelle mais aussi les autres insectes, dont et surtout les abeilles.
Comme dans le cas d'Olivier Cousin, cette affaire a un retentissement international et le New York Times a publié récemment un article intitulé "Des pesticides dans le vin français". 

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