Un attelage percheron avec le Père Noël ! Rien d'original, me direz-vous sans doute. Il n'y a pas que dans le berceau de race percheron, à Marolles-les-Braults dans la Sarthe en l'occurrence, que le Père Noël utilise des chevaux de trait pour sa tournée de distribution de cadeaux.
Certes. Mais si nous avons décidé de suivre quelque temps le Père Noël pendant son passage à l'Accueil de loisirs du Pays marollais, c'est que le vieil homme, toujours vert, apprenant que ce serait des percherons authentiques, pure race, qui seraient mis à sa disposition, a fait des pieds et des mains pour prendre lui-même les guides de l'attelage. Personne n'a osé s'opposer aux dernières volontés de l'Immortel... avant les prochaines. On ne refuse rien au Père Noël.
Tirant à boules rouges sur les climato-sceptiques, le Père Noël -qui voit ses terres lapones fondre et se réduire à la vitesse d'un cheval au galop- nous a avoué que face au réchauffement climatique, il songeait sérieusement à remplacer son écurie de rennes par une écurie de chevaux de trait. "Depuis le début du 19ème siècle, j'entends dire que les percherons sont les meilleurs, trottant vite et tirant lourd. C'est exactement ce qu'il me faut ! "Trottant vite", ça tombe bien, j'ai de la route à faire et "tirant lourd", justement, ma hotte est de plus en plus lourde avec ces petits chenapans mal élevés qui en veulent toujours plus". Nous laissons bien sûr au Père Noël la responsabilité de ses propos.
Au passage, le Père Noël, vert militant, nous a dit qu'il en voulait aux organisateurs de la COP 21 de ne pas avoir été invité à la conférence du Bourget. "J'avais des choses à leur dire, moi, aux Copistes". La présence du Père Noël comme consultant aurait-elle réchauffé l'atmosphère ? ou au contraire jeté un froid ? On a senti beaucoup de rancœur dans ses propos et l'on ne serait pas étonné que certaines familles de hauts dignitaires français soient oubliées lors de la tournée de distribution de cadeaux.
Apprenant que le Père Noël souhaitait mener lui-même l'attelage mis à sa disposition, les responsables locaux se sont adressés à un relais de Postes et de Messageries des plus connus en Sarthe puisqu'il s'agit du Relais Choplain basé à Congé-sur-Orne et dirigé par Catherine et Bernard Choplain. Cela fait déjà de nombreuses années que le Relais de Postes et Messageries Choplain, établi sur le grand axe qui relie la Bretagne à Paris, fournit des attelages percherons aussi bien pour le transport de personnes que pour le transport de marchandises.
"Tous nos percherons sont des percherons locaux, venus de petits élevages traditionnels", nous a confié Bernard, fier de voir le Père Noël mener Quaisie du Ridray et Rifa de Pérodière. "Nous n'avons pas de percherons d'origine douteuse". Bien sur, Bernard fait référence à cette époque lointaine, vers 1850, où le cheval percheron incapable de répondre à la demande aussi bien nationale qu'internationale s'était dit-on laissé envahir par des juments et des étalons aux origines peu recommandables. Ces propos de Bernard nous remettent en mémoire les écrits de Charles du Haÿs : "Le Perche a ouvert ses barrières toutes grandes à toutes les grosses juments qu'il a pu rencontrer. Beaucoup sont venues de Bretagne, d'autres de Picardie et du Pays de Caux, quelques-unes du Boulonnais [...]. S'il n'y avait encore que les juments bretonnes, je ne m'en plaindrais qu'à demi, elles ont un sang confirmé. [...] Mais les picardes, les cauchoises, les boulonnaises !... Les races scrofuleuses du nord !"
En 1883, ces lignes écrites en 1866 avaient été sèchement contredites par Michel Fardouet, premier président de la Société hippique percheronne au moment de l'ouverture du stud-book percheron. "Nous nous empressons d'avertir nos lecteurs que M. Charles du Haÿs a commis une grave erreur [...] en disant que le Perche a ouvert ses barrières toutes grandes à toutes les grosses juments qu'il a pu rencontrer".
Cette polémique avait fait planer de sérieux doutes sur "la pureté" de la race originaire du Perche, en particulier chez certains éleveurs américains qui ne voulaient voir en France qu'une seule et unique race de chevaux de trait, qu'ils avaient baptisée "Norman" pour normand.
Le Père Noël, qui nous a dit très bien se souvenir de cette époque lointaine, nous a raconté qu'il avait à plusieurs reprises été obligé de refuser quelques attelages composés de ces juments "scrofuleuses" dont parlait Charles du Haÿs, pour ne pas propager la maladie.
Si vous avez la chance de rencontrer le Père Noël ces jours-ci et s'il s'accorde une courte pause dans son emploi du temps bien rempli, n'hésitez pas à lui parler de ces percherons d'autrefois. Il pourra vous en raconter de belles...
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