"T'es toujou là, bin qu' té
failli trèsaller, toujou aussi dou, et puissant, té le Percheron
Té l' ch'vaux chéri d' mon
enfance, t' â en mon cœur eune piace à part, ce s'rait ti dû à ton lait qui m'a
nourri après c'ti lâ d' ma mère ?
J'ai core souvenance de ton
poil doux sous ma poque de p'tit gnias, la douceux d' té naseaux su mes joues.
J' me rappelle d' ton pâ lourd
et puissant su les chailloux du ch'min, quand, après eune harassante journée,
j' t'emmenais à l' auvale du russiau.
J'ai core souvenance, quand
qu' pou la précimière foué j'ai aidé l's
hommes à ton poulinage, on avait mis grous d' paille pou qu' ton p'tit y
s' fasse pâ mô en sortant
d' ton ventre.
J' me rappelle, quand qu' j'
t'ai aveindu ton poulain pou qu' tu l'
lèches, tâ aussi léché mes poques et py ma goule comme si...moué itou j' tais
ton p'tit.
J'ai core souvenance, quand
qu' pou la précimière foué à quatorze ans on m'a mis ente les poques les
mântins du brabant.
J' me rappelle de té Tempête,
t' étais la jument de d'vant, tu tournais bin souvent la tête, c' tait ty pou
vouére si l' gamin qu' j'étais y t'nais bin la charrue ?
La vie é m'a fé découvri bin
d' outes chôses, mais té, t'es restée pou moué la force et la douceûr d' ma
rude enfance."
Fernand Legeard
novembre 2016
Ce cheval percheron évoqué en patois mainiot, le patois de l'ancienne province du Maine, c'est celui qu'a connu Fernand Legeard dans son enfance.
Le patois mainiot a été la langue maternelle de Fernand Legeard. Un parler qui lui est resté chevillé au corps et qu'il fait revivre dans un ouvrage qui vient d'être publié aux Éditions de l'Étrave sous le titre "Et si on caôsait patois !". Sous-titré "Histouéres d'mon Paÿs mainiot (Mayenne, Orne, Sarthe).
Un livre richement illustré de dessins de Jules Yvard.
Disponible dans les librairies et les Maisons de la Presse du pays mainiot ou auprès de l'éditeur :
Éditions de l'Étrave
La Talbotière
61130 Igé
06.11.33.11.00
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