dimanche 16 octobre 2016

Un Matin Ordinaire...






Un  matin ordinaire dans le Perche-Gouet.
Les brumes matinales -en lambeaux- savent leur dernière heure venue alors que les vieilles pierres du viaduc, de la chapelle de Guériteau et de l'église de Choue passent à l'orange.

Le Perche-Gouet, rassemblé autour de Mondoubleau et des villes et villages environnants. Connu aussi sous le nom de Petit Perche par comparaison avec l'autre Perche, le Grand Perche, celui de la vallée de l'Huisne, de Nogent-le-Rotrou en allant vers Mortagne-au-Perche.


Un  matin ordinaire ? Pas vraiment.
Un attelage de percherons noirs, légers, traverse à bonne allure la campagne qui, l'automne venu, sort à grand-peine de la nuit. Image improbable en ce samedi matin du mois d'octobre.
Sydney et Amourette, les deux percherons noirs aux guides d'Estelle Mulowski s'en vont au marché. Au "marché percheron" -c'est son nom- de Mondoubleau.

Sydney et Amourette traversant la campagne crinières au vent nous rappellent que le Perche-Gouet, comme le Grand Perche, fut une terre percheronne, comme en témoignent ces lignes de René Musset dans son ouvrage "L'élevage du cheval en France" publié en 1917.
« La partie du Perche où l’on faisait naître le plus grand nombre de poulains était du reste la plus pauvre, le Petit Perche ou Perche-Gouet, c’est-à-dire la partie méridionale du Perche, sur le grand plateau d’argile à silex, entre Nogent-le-Rotrou et Châteaudun […]. Les chevaux élevés ainsi dans un pays accidenté, à pâturages maigres, paissant le plus souvent en plein air et employés à des travaux modérés, ne pouvaient être d’espèce fine : c’étaient des bêtes communes mais rustiques et vigoureuses […]. Les poulains étaient vendus à 6 ou 18 mois, ceux du Grand Perche aux marchés de Nogent-le-Rotrou, aux foires de Bellème et surtout à celles de Mortagne, ceux du Petit Perche aux foires de Courtalain et de Mondoubleau ».


En  ce samedi 15 octobre, Estelle Mulowsky et quelques membres de la toute récente association "Pays du Perche en Loir-et-Cher" ont mis sur pied une journée test qui pourrait conduire à la mise en place, dans quelque temps, d'un service de navette en hippobus, reliant les communes de Choue, Cormenon et le marché percheron de Mondoubleau.
En délaissant les routes principales et en empruntant des chemins de traverse, goudronnés ou en terre, tout à fait carrossables, Choue n'est qu'à 4 km et Cormenon à 2 km du centre de Mondoubleau. Pour cette journée d'expérimentation, quelques personnes se sont montrées intéressées en empruntant "le service" et l'attelage percheron a suscité un grand intérêt sur le marché. Tout le monde, visiteurs et commerçants, saluant cette initiative d'une manière positive. "Notre but aujourd'hui est de procéder à une journée test, en particulier en ce qui concerne le parcours et les temps nécessaires pour accomplir chacun des tronçons", explique Estelle Mulowsky. "Cela nous permet aussi de sensibiliser les habitants à l'idée d'une navette hippomobile pour se rendre au marché".




Présent aussi tout au long de cette matinée, Joël Fusil, le président de l'association Pays du Perche en Loir-et-Cher, ne cachait pas sa satisfaction de voir ainsi un attelage percheron en action au service de la population. Il se plaisait à imaginer ce que pourrait être à l'avenir cette navette hippomobile. "Nous pensons que ce service pourrait intéresser des personnes âgées qui n'ont pas les moyens de se déplacer ainsi que des personnes en résidence secondaire qui prendrait sans doute plaisir à une sortie en hippobus".

L'association Pays du Perche en Loir-et-Cher se propose de travailler à la promotion de ce territoire et a mis en place à cet effet plusieurs commissions thématiques : Crins du Perche (consacrée au cheval percheron) ; Arts et Saveurs du Perche ; Histoire et Patrimoine du Perche ; Perche Terre d'accueil ; Perche Aventure. Un site Internet devrait bientôt rendre compte des actions nombreuses envisagées par l'association.





Si  le Perche a vu sa population de chevaux percherons s'amenuiser considérablement depuis un demi-siècle, le Perche Gouet compte encore un petit nombre d'éleveurs et d'utilisateurs passionnés particulièrement actifs et déterminés à faire revivre le cheval qui symbolise toute la région.

En conclusion, et en forme de clin d'œil aux commissions Crins du perche et Histoire & Patrimoine de l'association Pays du Perche en Loir-et-Cher, nous laisserons la parole à Gustave Desvaux-Lousier, cultivateur et éleveur de chevaux percherons à Mondoubleau dans les années 1850.
"J'habite un pays à métayage ; j'opère sur 40 juments et je suis depuis 12 ans l'effet de l'accouplement sur des juments de formes différentes par des étalons alternativement carrossiers et gros trait ; je réforme les juments les moins bonnes et je veux ainsi arriver à posséder des juments où les vices de forme ou de constitution seront combattus par les contraires. Je me félicite du parti que j'ai pris. J'enregistre toutes les observations qui méritent d'être conservées, et dans quelques années je pourrai en déduire des conséquences pratiques".


1 commentaire:

Brigitte Guillaume a dit…

Heureusement pour Sydney et Amourette, le garnissage des fauteuils se fait en principe avec du crin végétal... Le bel attelage peut donc passer sans crainte devant la boutique du tapissier...