mardi 14 mars 2023

Thompson Dans Le Perche (1)

Comme de nombreux éleveurs et marchands américains de chevaux percherons, Samuel D. Thompson a, dans les années 1880 et 1890, effectué plusieurs voyages dans le Perche mais en qualité de représentant de la Société percheronne américaine dont il était le secrétaire.
C’est lui qui, en 1883 et 1884, a supervisé l’élaboration du tome premier du stud-book percheron français. Il a aussi passé plusieurs mois dans le Perche, en 1887, pour apaiser une violente polémique entre les éleveurs de Nogent-le-Rotrou et ceux de Mortagne.
Dans un long article publié dans le Breeder’s Gazette, journal agricole américain, du 17 décembre 1890, Samuel Thompson raconte le voyage qu’il vient d’effectuer dans le Perche. Cet article, que nous publierons en trois fois, a été reproduit dans le journal Le Nogentais, quelques semaines après sa parution aux États-Unis.
" Si le lecteur, donc, veut bien s’imaginer que nous avons fait la traversée de l’Océan et que nous sommes arrivés en ce moment à la gare de l’Ouest à Paris, et s’il veut rester avec moi, je le promènerai avec moi à travers le Perche et nous nous rendrons ensemble chez chacun des éleveurs et étalonniers de la contrée. Nous prenons le train de 10 heures 25 minutes pour Nogent-le-Rotrou, qui est situé à quatre-vingt-douze milles au sud-est de Paris, et nous arrivons à Nogent à 1 heure 25 minutes de l’après-midi ; mais un peu avant d’y arriver, notre attention est attirée par d’importants groupes de poulains que nous apercevons, de la fenêtre de notre wagon, dans les prairies tout près de Nogent. Ces poulains appartiennent à M. Louis Perriot, que nous retrouverons plus loin.
À notre arrivée à Nogent, nous descendons à l’Hôtel du Dauphin, où nous déjeunons ; nous y louons une voiture et nous allons nous promener à quatre milles pour faire notre première visite à M. Désiré Ducoeurjoly, à sa ferme de « La Fontaine », près du petit village de Brunelles, dans le département d’Eure-et-Loir.
M. Ducoeurjoly n’est pas l’un des plus importants éleveurs ou étalonniers, mais il est à la fois éleveur et étalonnier ; il a été longtemps dans les affaires et a eu des animaux de première classe ; il a commencé à vendre aux américains en 1877, et leur a vendu un peu chaque année depuis. Son père, Jacques Ducoeurjoly, qui mourut en 1849, était un étalonnier distingué, et M. Du Haÿs parle de lui comme possédant à cette époque quelques-uns des meilleurs étalons du Perche.
M. Ducoeurjoly est né dans la ferme où il habite et est aujourd’hui âgé de quarante-sept ans. Nous donnons ici un très bon dessin qui le représente tenant d’une main sa vieille jument Pauline (279). "


Pauline 279. Blanche; née dans l'Eure-et-Loir en 1869; par Miramar; sa mère Rustique. Cette jument remarquable a obtenu douze prix : six premiers, cinq seconds et un troisième prix dans différent grand Concours. Appartient à M. Ducoeurjoly.
Tome Ier, stud-book percheron, 1883.

" Cette jument fut probablement l’une des plus fécondes du Perche et aussi l’une de celles qui y remportèrent les plus grandes récompenses. Elle naquit en 1868. [1869 selon le tome I du stud-book.] Elle obtint le premier prix au Concours gouvernemental d’Alençon en 1873 ; le second prix à celui de Saint-Lo, en 1874 ; le premier au Concours départemental d’Authon, 1875 ; le premier au Concours de Blois la même année ; le premier à Caen, même année ; le premier à Chartres, 1877 ; le second à l’Exposition universelle de Paris en 1878 ; le premier au Concours d’Evreux, 1879 ; le second au Concours départemental du Mans, 1880 ; elle ne concourut pas en 1881 et 1882, mais remporta le premier prix au Concours départemental d’Authon en 1883, et le second à Caen, la même année, après quoi elle ne concourut plus jamais. Elle donna le jour à onze poulains, nombre remarquable si l’on considère qu’elle fut presque constamment présentée dans les concours.
 Son dernier produit fut une pouliche - Déesse (12163) - née en 1886, pour laquelle un Américain, éleveur distingué, offrit 3 000 francs lorsqu’elle tétait encore, mais  l’offre fut refusée. Au nombre de ses meilleurs  poulains on peut mentionner Vaillant (2255), Roland II (2256) et Nogentais (2257). Une de ses filles - Grisette - née en 1877, a fait ses preuves de bonne poulinière, car elle a déjà donné le jour à huit poulains, dont le premier, Vainqueur (284), est le père de Splendide (12159), lauréat des Concours de la Société Hippique Percheronne en 1888 et en 1889. Pauline mourut en 1887, en poulinant. " 

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