De 1984 à 2013, à la tête de la SHPF, François Chouanard aura conduit et accompagné ce qu'il est convenu d'appeler le renouveau du cheval percheron. Un renouveau qui s'est inscrit dans un mouvement plus général englobant toutes les races de chevaux de trait.
Concours modèles et allures, Argentan, Orne.
Avant même sa prise de fonctions à la tête de la SHPF, François Chouanard -alors jeune président du Syndicat ornais du cheval percheron- s'implique entre 1981 et 1983 dans une tentative pour implanter à l'échelon national des compétitions de trait-tract du type de celles qui à l'époque connaissaient un franc succès dans l'île de Hokkaido au Japon. Le baneï à la française ne parviendra jamais à s'implanter.
Prenant la succession de Robert Aveline à la tête de la SHPF en 1984, François Chouanard -dans ses premières années en fonction- relaie le discours dominant des Haras nationaux à l'égard des éleveurs de chevaux de trait : "Attelez vos chevaux". François Charpy, le directeur du Haras du Pin, n'est pas le moins véhément quand il s'agit de faire passer le message qu'il faut remettre le cheval percheron à l'ouvrage.
Visite à l'écurie percheronne d'Eurodisney, 1996.
Ces bonnes intentions sont cependant difficiles à traduire dans les faits. Le percheron n'a plus ni la morphologie ni l'allure qui lui permettraient de reprendre durablement le collier. C'est alors que François Chouanard, qui se comporte en président voyageur effectuant plusieurs visites à l'étranger dans les premières années de sa présidence "pour voir ce qui se fait ailleurs", tente un coup de poker et parvient à convaincre Philippe de Quatrebarbes, directeur du Haras du Pin, qu'il y a un moyen rapide de faire relever la tête au percheron. Pour cela, il faut aller chercher un étalon percheron aux États-Unis. Patrice Biget fera partie du voyage au cours duquel les trois hommes tombent sous le charme de Silver Shadow Sheik qui prend ses fonctions de reproducteur au Haras du Pin en 1993.
Le beau noir, léger, élancé, multiplie les saillies et divise la race. Deux autres étalons américains estampillés SHPF suivront, Cruiser en 2006 et Kemo en 2010. Le travail autour du percheron diligencier restera l'un des moments importants des presque trente années que François Chouanard a passées à la tête de la SHPF.
Au-delà de l'émergence d'un percheron plus léger mais toujours de grande taille, c'est sans doute le discours constamment répété du nécessaire allègement de la race qui va se révéler comme le fait marquant pour le cheval originaire du Perche. Un allègement qui sera aussi sensible pour des percherons de type trait issus de lignées restées en dehors du sang américain.
François Chouanard, Jacques Fortin et Regina Bella à la remise des prix du National percheron 2007.
La présidence de François Chouanard connaîtra un autre temps fort avec l'interdiction en 1996 de la caudectomie, pratique jusqu'alors généralisée dans toutes les races de trait françaises. Avec cette décision, la race percheronne sera la 1ère des neuf races de trait à faire appliquer cette mesure avant même qu'une interdiction officielle ne soit décrétée.
Le nom de François Chouanard restera aussi associé aux 3 Congrès mondiaux du percheron à s'être déroulés sur le site du Haras du Pin, en 1989, 2001 et 2011. Trois événements reconnus comme des succès qui ont permis de mettre en lumière la race percheronne devant un très large public.
Le Congrès de 1989 fut un véritable révélateur, faisant largement passer le message qu'il fallait encore compter avec le cheval percheron. Quant au Congrès de 2011, il a été un succès populaire évident et a permis de montrer "l'internationalité" du cheval percheron. Pendant toutes les années qu'il a passées à la présidence de la SHPF, François Chouanard aura toujours veillé à ce que la race percheronne garde cette dimension internationale héritée d'un passé glorieux.
Les 30 années de François Chouanard à la tête de la SHPF connaîtront aussi deux cuisants échecs. Ceux de la Maison du percheron. À deux reprises, le cheval percheron a failli être doté d'une "Maison". C'est d'abord la ferme de la Touche à Nogent-le-Rotrou, puis la Ferme Neuve à Dorceau, deux anciennes fermes étalonnières, qui ont successivement été envisagées pour offrir à la race un point d'ancrage et une vitrine dans le Perche. Malheureusement, dans les deux cas le projet pourtant bien avancé n'a pas survécu à un imbroglio dont les élus et les responsables politiques sont coutumiers.
"Namaste, monsieur le président"...
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