Adolphe d'Hastrel |
Courses de Mortagne, hippodrome Saint-Éloi |
« Nous sommes dans le
Corbonnais, à une petite huppée [une petite distance] de Mortagne, au milieu de
ces braves Percherons, encore tout joyeux et haletants des émotions et des
réjouissances de la journée : les courses de l'hippodrome, la musique, les
discours, le cidre et le feu d'artifice. C'est que le dimanche du 28 septembre
1851 était si impatiemment attendu ! Il s'agissait d'un essai, d'un début, d'un
progrès, d'une fondation heureuse et utile pour tout le pays du Perche, pour
Mortagne en particulier. Mortagne, l'un des chefs-lieux d'arrondissement du
département de l'Orne, jadis capitale du Perche, avait dû prendre l'initiative
: aussi c'est là que s'est formée, avec le concours du conseil général et de
l'administration des haras, une société hippique de Mortagne, pour
l'amélioration des chevaux d'espèce percheronne. La société s'est constituée le
11 mai 1851 les étalons d'espèce percheronne, nés ou élevés dans tout le
département, seront seuls admis à concourir.
D'après l'article 1er du règlement, les courses auront lieu tous les ans, à
Mortagne, le dernier dimanche de
septembre.
Art. 13. Les chevaux seront montés par les propriétaires,
leurs domestiques ou leurs amis.
Courses de Mortagne, place des Halles |
L'inauguration des courses s'est
donc faite aujourd'hui 28 septembre, en même temps que les habitants de Falaise
inauguraient la statue de leur compatriote Guillaume le Conquérant ; le succès
a dépassé toute attente et sera d'un bon augure pour l'avenir. Il y a eu dix
courses vaillamment disputées et dans lesquelles nous devons citer Regnault et Rapporteur,
à M. Chéradame, d'Ecouché ; l'Aigle, à M. Bourget, du Buat près l'Aigle, et Julie,
à M. Lindet, éleveur de Saint-Léger sur- Sarthe : le cheval de M. Bourget, l'Aigle,
déjà primé au concours de Versailles, a été immédiatement acquis pour le haras de
Bonneval, ainsi qu'un autre cheval présenté par M. Lindet. »
« Le croquis que je vous ai adressé, mon cher monsieur, pourra vous donner quelque idée de cette fête, accueillie avec un véritable enthousiasme, favorisée par un temps magnifique et le concours d'un nombre incroyable de spectateurs venus de toute la contrée et des arrondissements voisins. L'hippodrome avait été choisi sur le penchant du coteau, au faubourg de Saint-Eloi, route d'Alençon (de Paris à Brest) ; des tribunes aux mille banderoles flottant au vent étaient garnies par les dames les plus élégantes ; sur des estrades élevées à droite et à gauche du pavillon réservé aux autorités et aux membres de la Société hippique étaient placées les musiques des gardes nationales de Bellême et de Mortagne, qui tour à tour célébraient la victoire des vainqueurs ; au fond du tableau, la ville de Mortagne et le sombre clocher de Notre-Dame faisaient ressortir , par un contraste plus frappant, les robes éclatantes des gentilles paysannes aux larges bonnets à barbes flottantes une foule joyeuse, bruyante et tumultueuse, dont on peut, sans exagération, porter le nombre à vingt mille personnes, encadrait capricieusement l'hippodrome jusqu'à douze rangs de profondeur. Jugez maintenant de quels énergiques et sympathiques hurras a dû être accueilli le premier trot du cheval percheron, si fier, si fort, si courageux et si solide sous son type primitif, lorsque les brillantes fanfares ont applaudi aux bons et sages discours. »
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