Le soleil, lassé de passer son temps à réchauffer une terre gorgée d'eau, devrait tirer sa révérence dans moins de deux heures.
Vite, trouver un pré. Avec des percherons.
J'en connais un, à une dizaine de kilomètres.
En combinant les limites de l'autorisé (90 km/h) et les limites du possible (bas de gamme Renault vieillissant), j'y suis en moins de dix minutes.
En entendant les pneus s'enfoncer dans la berme boueuse, les percheronnes lèvent la tête un court instant, puis reprennent leur activité de tondeuses. Pendant ces quelques secondes, j'ai cru lire dans leurs yeux comme de l'exaspération. "Encore lui !", pensent-elles sans doute.
Pour une fois, je franchis sans encombres le fil qui m'a maintes fois valu de maudire les partisans du tout-électrique. Je ne regrette cependant pas les barbelés d'antan, synonymes de tant d'accrocs à mes pantalons. Une pensée, en passant, aux Ellwood de l'Illinois, connus pour avoir inventé le fil de fer à épines, cela vers 1880 à l'époque où ils venaient chaque année dans le Perche pour acheter des étalons percherons, menant une concurrence acharnée à un autre grand acheteur de l'Illinois, Mark W. Dunham.
Instinctivement, sans préméditation, je m'accroupis au pied des percheronnes, qui n'en ont cure, et je joue à cache-cache avec le soleil. C'est lui qui finit par gagner la partie en disparaissant pour de bon.
Je sais que, pour avoir une chance de le revoir, il me faudra revenir demain de bonne heure...
1 commentaire:
En voiture, à vélo ou en trottinette, il ne faut surtout pas réfréner vos envies pressantes de partir faire des photos...
Les percherons savent qu'ils vous doivent beaucoup et je suis sûre que dans leurs prairies ils ne pensent pas du tout "encore lui" mais plutôt "chouette! On va encore parler de nous". Merci pour eux!!!
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