mardi 13 janvier 2015

Réflexions Percheronnes


"Quel peut être l'avenir du cheval percheron ?" Certains préfèreront sans doute une formulation plus radicale : "Le cheval percheron a-t-il vraiment un avenir ?"
Bien malin, dans un monde changeant aux évolutions permanentes et rapides, celui qui pourrait révéler aujourd'hui ce que sera le cheval percheron et les chevaux de trait dans vingt ou trente ans, et même à une échelle plus courte. Je ne me risquerais pas à cet exercice. Ce que l'on peut faire, en revanche, c'est réfléchir au présent du cheval percheron et tenter de tirer de cette réflexion quelques grandes lignes pour l'avenir.


En entamant son retour dans les années 1980-1990, le cheval percheron savait que se forger un avenir ne serait pas chose facile. Une trentaine d'années plus tard, le devenir du cheval percheron n'a jamais été aussi incertain.
Il faut bien comprendre que cette nouvelle vie vers laquelle on tente d'orienter le percheron n'est en rien comparable avec les situations auxquelles on a été confronté pendant près de deux siècles.
En fait, au cours de son histoire "moderne" longue d'environ 150 ans (1800-1950), le cheval percheron a simplement répondu à une nécessité. Nécessité d'un moteur animal pour tracter diligences, véhicules de transport, machines agricoles. Dans tous ces cas, ces besoins existaient, étaient bien réels, et la race percheronne -reconnue particulièrement apte à remplir ces fonctions de moteur tirant vite et lourd- avait pour rôle de mettre à disposition le modèle de percheron qui correspondait le mieux au service demandé.


Or, depuis "le retour" du cheval percheron -donc dans cette période du percheron contemporain- la situation n'est en rien comparable. On peut dire que "la nécessité" a totalement disparu. Dans le monde actuel on peut bien évidemment faire sans le cheval de trait. Que ce soit dans les activités de loisir, secteur le plus développé, en forêt, dans la ville, en petite agriculture, domaines où le percheron a déjà repris du service, il est évident que l'on n'est plus en attente du moteur cheval de trait.
Nous sommes donc dans une période nouvelle, singulière, où le cheval percheron -ou plutôt les hommes qui le soutiennent- doivent d'abord contribuer à créer un besoin, faire la promotion de ce besoin, puis tenter de mettre en face de cette activité émergente le percheron le mieux adapté. C'est un défi énorme auquel la majorité des éleveurs de percherons et de chevaux de trait ne sont pas préparés. Beaucoup d'ailleurs ne parviennent pas vraiment à prendre conscience de cette nouvelle donne et continuent à "élever" comme si rien n'avait changé, comme s'il suffisait de faire naître des poulains pour que la race perdure. Or, s'il y a un domaine où il est capital de travailler d'arrache-pied, c'est celui des débouchés émergents. C'est vers cela que doit être concentrée une grande partie des énergies au sein des races de trait et donc de la race percheronne.

Pour l'avenir du cheval de trait et donc du cheval percheron, cette notion de débouchés émergents est capitale. Certains de ces débouchés, qualifiés d' "utilisations nouvelles" ont été clairement identifiés (loisir, viticulture, entretien de zones sensibles, cheval en ville, maraîchage), mais cette liste ne demande qu'à s'allonger. Dans ce domaine, on peut penser qu'il y a encore à créer, à inventer, et c'est sans doute là que se joue en grande partie l'avenir du cheval percheron.
Parler "création", "inventivité", bref, "dynamisme", c'est se tourner vers les jeunes générations. Elles seules sont capables de mettre en pratique leurs envies, leurs rêves. Il serait vain d'attendre des anciens qu'ils créent le monde de demain. Ils peuvent bien sûr apporter leur pierre en transmettant leur précieux savoir et leur vaste expérience. Mais ce que l'on appelle "la sagesse" des anciens n'est souvent qu'une fatigue teintée de nostalgie parfois acrimonieuse qui n'est guère de nature à engendrer le brin de folie nécessaire à qui veut inventer l'avenir.
La race percheronne a besoin de mettre en avant ses forces vives, pas seulement pour mener ou présenter ses chevaux, mais pour qu'elles prennent toute leur place et toute leur responsabilité dans le devenir de la race.

5 commentaires:

Brigitte Guillaume a dit…

Peut-être faudrait-il commencer par accepter dans les instances Percheronnes, composées essentiellement d'éleveurs, d'autres forces vives...

Christophe Bordez a dit…

Bref on en est toujours au même point !...Ce que tu écris me rappelle un de mes tous 1er commentaires que j'avais "osé" te proposer en 2009 ou 2010 (offre et demande) !
On tourne en rond ce qui fait travailler l'incurvation !...Mais ne fait pas avancer !...
Il manque un leader utilisateur (et éleveur) DYNAMIQUE et CHARISMATIQUE, nouvelle génération a plein temps. Un Jean Louis Cannelle par exemple, mais en percheron . Curieusement la race comtoise est parmi celles qui ont le plus de naissances avec les bretons qui ont des Hervé Conan, W Toublanc, Seité, utilisateurs.
Bref on pourrait écrire des lignes et des lignes , j'ai arrêté ! Il faut avant tout une vrai volonté, non une ou des habitude(s).
Percheronnement
Christophe

Anonyme a dit…

C'est peut-être aussi pour ça que des "amoureux passionnés" de tous les chevaux de trait tentent de mettre en place, sous la houlette des éleveurs, des manifestations au cours desquelles seront mis à l'honneur ces splendides COMPAGNONS de travail mais aussi de vie.

Maïté Espagnet

Simonetta a dit…

io spero che la passione sia sufficiente per salvare una razza di cavalli molto preziosa...gli allevatori si devono orientare sull'allevamento di cavalli performanti, senza perdere troppo le caratteristiche della razza, eccezionali,se confrontate con altre razze da tiro.

JLD a dit…

Simonetta a dit :
J’espère que la passion sera suffisante pour sauver une race de chevaux très précieuse... Les agriculteurs devraient s’orienter vers l'élevage de chevaux d’utilisation, sans perdre les caractéristiques du percheron, exceptionnelles comparées aux autres races de trait.