lundi 16 février 2015

Avis De RechercheS

"Au Feu", dans le Petit Journal, supplément illustré du dimanche 3 mai 1896. (Source : gallica.bnf.fr)

Nous avons besoin de vous.
Il y a six mois, nous nous sommes lancés dans une recherche tous azimuts sur le passé de la race percheronne. Nous nous concentrons sur la période 1850-1914 (avec un œil grand ouvert quand même sur la période 1914-1950). Tout notre travail consiste à retrouver et à photographier en haute définition les documents de toutes sortes qui peuvent nous éclairer sur l'histoire du cheval percheron et sur les gens qui ont fait la race percheronne.

Beaucoup a déjà été écrit sur le cheval originaire du Perche. Mais on s'aperçoit que l'on ne connaît qu'une partie infime de tous les documents publiés. Notre objectif est de mettre à jour, grâce à cette multitude de documents oubliés, Le Passé Percheron.

La percheronne Gadalka en Russie dans les années 1870 (Coll. Patrick Douté).

Dans la 2nde moitié du 19ème siècle et dans la 1ère moitié du 20ème, le cheval percheron et ceux qui l'ont façonné ont vécu une aventure hors du commun qui, au fil des ans, a pris une dimension planétaire.
Se lancer dans de telles recherches implique dans un premier temps d'éplucher "les archives", journaux locaux, nationaux, étrangers ; livres ; brochures, etc.

Tenez, je ne résiste pas au plaisir de vous livrer quelques lignes "dormantes", mais pourtant faciles d'accès, dans Le Nogentais, l'hebdomadaire de Nogent-le-Rotrou. "Le fondateur de la Société hippique de Nogent-le-Rotrou, M. Dunham, m'écrit, d'une part, que l'heure est proche où il faudra revenir puiser à la source...".
"M. Dunham, fondateur de la Société hippique percheronne", nous dit Louis Leroux, membre de cette Société ! C'était en 1896 dans Le Nogentais.
Des propos qui peuvent être mis en parallèle avec ceux tenus en 1889 dans le même journal par Michel Fardouet, le premier président de la Société hippique percheronne. "La Société hippique percheronne n'a pris naissance qu'en 1883. Elle a été fondée par un groupe d'éleveurs sous l'inspiration d'un grand exportateur, Mr Dunham".
Pas étonnant qu'en 1917, René Musset écrive dans L'Élevage du cheval en France : "Dans cette grande œuvre de la création de la race percheronne, l'Amérique a, si l'on peut dire, traîné le Perche à sa remorque".

Michel Grégoire Fardouet, premier président de la Société hippique percheronne établie à Nogent-le-Rotrou (Coll. Marie-Claire Hamelin).

Confirmation du rôle majeur joué par les éleveurs américains dans la création de la SHP et dans l'ouverture du stud-book, lorsque l'on regarde l'affiche du 1er Concours de la race organisé à Nogent-le-Rotrou du 22 au 25 mai 1884.

Annonce du Concours hippique percheron 1884.

L'énoncé de l'affiche du concours et des articles de journaux est édifiant : "Concours hippique, organisé de concert avec la Société percheronne américaine".
Tous les prix importants dans toutes les catégories de ce concours ont été offerts par Mark W. Dunham (pour les 1ers prix) et par la Société percheronne américaine.
Ces quelques éléments de la vie percheronne des années 1880-1890, qui pourraient être multipliés à l'envi, montrent le rôle de premier ordre joué par les éleveurs américains qui avaient "découvert" le Perche en 1872 ou en 1875, les textes étant contradictoires à ce sujet.

Menu du banquet du concours percheron 1909 (Coll. Dunham).

Un simple menu de banquet de concours nous fait saliver et nous montre des pratiques révolues.

L'étalon percheron Giron dans le catalogue 1907 de l'élevage Locust Glen Stock Farm dans l'Indiana, États-Unis (Coll. Marie-Claire Hamelin).

Dans les années 1880, les acheteurs américains parcourent le Perche en grand nombre. À certains moments, au printemps et au début de l'été, ils peuvent être près d'une centaine, certains avec des membres de leur famille, à parcourir les principaux élevages du Perche.

Détail d'un cadeau, un sucrier, offert en 1887 par Mark W. Dunham à un éleveur du Perche à qui il avait acheté plusieurs percherons mâles et femelles (Coll. privée).

Des amitiés se créent et les acheteurs américains, dont certains reviennent année après année, ont leurs habitudes chez les éleveurs du Perche, comme en témoigne ce court extrait d'un récit fait par S. D. Thompson, un habitué des achats percherons. "Nous nous rendons, tout près de là à Amilly, et ici nous aurions très bien pu renvoyer notre cheval car M. Gauthier, propriétaire de la ferme, n'a jamais permis à un visiteur de s'en aller sans avoir reçu l'hospitalité. Amilly est la ferme où vécut et mourut Albert Perriot. Pendant plusieurs années après sa mort, sa veuve dirigea la ferme, et quelques-uns des plus anciens acheteurs américains se souviennent bien de la veuve Perriot car, à la mort de son mari, elle ne voulut pas laisser péricliter le commerce des chevaux".

Document d'embarquement au Havre des six premiers chevaux percherons achetés par Mark W. Dunham en 1872. Transport effectué à bord du steamer paquebot-poste Washington de la Compagnie générale transatlantique (Coll. Dunham).

Liste des passagers classe "Saloon" à bord du steamer Elysia en 1878 (Coll. Dunham).

Un billet de bateau, un enregistrement portuaire, une facture d'hôtel... autant de pièces qui permettent de reconstituer cet immense puzzle de la vie percheronne.

Portrait de Rosa Bonheur dans Le Nogentais du 13 novembre 1898.

Plonger dans le passé percheron, c'est aussi faire des rencontres de personnages exceptionnels comme l'artiste peintre animalier Rosa Bonheur qui a conquis sa notoriété internationale en peignant Le marché aux chevaux. Outre Voltaire, le champion percheron de 1884, Rosa Bonheur a peint plusieurs des chevaux de Mark W. Dunham, en particulier Brilliant 755 (1271).

La ville de Nogent-le-Rotrou, au cœur du Perche, au cœur de la vie percheronne, figure, ainsi que la ville de la Ferté-Bernard, sur les certificats percherons établis par la Société percheronne américaine (Coll. J. Bélivier).

"Les semailles de l'orge dans la Sarthe", en couverture de l'Univers illustré du 13 mars 1886 (Source : gallica.bnf.fr).

Dans ces années où le cheval percheron est le moteur de l'agriculture, les journaux agricoles mais aussi la presse généraliste publient régulièrement des articles et des photos mettant en valeur les plus beaux spécimens de la race et retraçant la vie de ceux qui côtoient le percheron au quotidien.

Médaille de comice agricole (Coll. privée).

Bronze de concours (Coll. privée).

Médailles, bronzes de grande valeur, viennent ponctuer la vie des plus valeureux éleveurs percherons...

Nous avons besoin de vous.
Peut-être avez-vous, oubliées dans un fond de tiroir quelques vieilles médailles ou cartes postales, accrochées aux murs quelques photos ou peintures, empilés dans un grenier quelques journaux anciens ? Vous détenez peut-être une pièce -ou plusieurs- de cet immense puzzle que nous aimerions reconstituer au mieux.
Si tel est le cas, contactez-nous par téléphone ou par mail et, éventuellement, adressez-nous quelques photos de vos "trouvailles" afin que nous tentions de les faire revivre en les reconnectant à la grande épopée percheronne des 19ème et 20ème siècles.

02.43.97.97.03.

2 commentaires:

LICHTFUS, thierry a dit…

Bonjour, tres joli reportage qui nous ramène plus d'un siècle en arrière. Et qui nous ferais presque regretter d'être né un siècle plus tard. Thierry LICHTFUS

Christope Bordez a dit…

PASSIONNANT ! J'aurai adoré être là !
Idée : et si on faisait la même chose mais en se tournant vers le futur cette fois ? Chacun chercherait dans les recoins de sa tête (après ceux de son grenier) pour assurer la pérennité de la race....Peut-être est-ce prévu te connaissant ?
Genre "brain-storming" comme dirait M.Dunham !
Christophe