mardi 13 octobre 2015

In Memoriam

En voyant Michelle Deleuze le visage grave s'avancer seule vers moi samedi en milieu d'après-midi lors de la journée des percherons mâles au Haras du Pin, j'ai tout de suite compris.

Jacques Deleuze était de ceux que l'on appelle les passionnés de la race. On avait l'habitude de le voir depuis de longues années, appareil photo autour du cou, toujours discret, à l'occasion du concours national ainsi que sur les concours départementaux. Il sillonnait aussi les terres percheronnes à la rencontre des éleveurs et des chevaux. Certes je ne l'avais pas vu cette année au départemental de l'Orne à Mortagne-au-Perche. Un concours dont il était un habitué. 
Ce samedi-là, au Pin en fin de matinée, j'avais bien noté son absence...
"Jacques est mort en février".


Michelle Deleuze nous a fait parvenir quelques lignes retraçant la vie de son époux, et quelques-unes de ses photographies percheronnes.
Au revoir, Jacques.

"Jacques Deleuze est décédé au début de février 2015.
Né à Dame-Marie, près de Bellême, ce fils d’agriculteurs avait caressé l’idée de succéder à ses parents dans l’exploitation de la ferme familiale.
Un cursus d’ingénieur agri-agro (Université de Lille) et son métier de consultant auprès des plus grands groupes coopératifs agricoles n’ont pas permis la réalisation de ce rêve d’enfant.
Il avait conservé toutefois un lien fondamental avec le Perche, et avec le cheval percheron en particulier.
Voici comme il raconte la naissance de cette « passion » :
« C’était en seconde moitié d’un après-midi de printemps dans la cour de la ferme, avant d’avoir l’âge d’aller à l’école, je devais avoir tout juste quatre ans. On l’avait entendu venir sur le chemin, le claquement sur le sol de ses sabots ferrés se mêlant au cliquetis de son cœur de poitrail. Pommelé, gris foncé et poil lustré, l’étalon qu’on croisait de temps à autre sur le chemin ou la route, un des rouleurs qui parcouraient la campagne au printemps allant de ferme en ferme pour y servir les juments et assurer l’avenir, est arrivé. Mon père est allé chercher la jument et l’a amenée au milieu de la cour pour lui présenter…./… J’ai eu le sentiment que j’avais entrevu là, manifestée par l’étalon, une primitive et fabuleuse énergie… »







"Vous avez sans doute croisé Jacques Deleuze, ces vingt dernières années, lors de tous les évènements majeurs émaillant l’année percheronne. Il sillonnait le Perche, du Haras du Pin à Mortagne, à Bellême, à Nogent etc., l’appareil photos en bandoulière. En effet, sa sensibilité avait trouvé son canal d’expression dans la photographie.
Il aimait plus que tout partager des moments forts avec des hommes et femmes de passion, et recueillir le récit de leurs expériences et de leur parcours singulier : monsieur Merel à la Vanoise, monsieur Blanchet en tournée avec Rivulus, Estelle, Joseph Dudouit au Haras du Pin, Davy et Valérie Gesbert à la Petite Croix, madame Vadé, d’autres encore. 
Sans oublier ces acteurs incontournables : Czar, Léo, Rivulus, Titus de Vanoise et tous ces splendides étalons qui ont incarné pour lui l’essence même du cheval percheron.

Un ouvrage regroupant des photographies de Jacques Deleuze selon les quatre thèmes  qu’il avait envie de capter et de donner à voir, (des espaces, des taureaux, des étalons, des femmes), est en projet."








1 commentaire:

Michelle Deleuze a dit…

Je découvre avec l’émotion que vous imaginez l’article en mémoire de Jacques et le petit message plein de tact de Jean Léo Dugast. Qu’il en soit remercié.
Si vous permettez, laissons encore une fois la parole à Jacques:
“Chaque année fin septembre, au Pin, un lieu de retrouvailles, un temps de célébration et de ressourcement.../...
Aujourd’hui, entre ces hommes et leurs chevaux c’est une affaire de passion pure.
Les prendre en photo a été un moyen de retrouver des sensations, de les capter et de les fixer.
Dans les photos que je montre, j’aimerais que les Percherons retrouvent un reflet de leur passion et me reconnaissent comme un des leurs.
Quant aux non-percherons, j’aimerais qu’ils découvrent avec plaisir qu’à l’écart des spéculations économiques et des autoroutes de l’apocalypse existe un lieu de passion partagée entre des chevaux et des hommes”.
Belle déclaration, non?
Michelle Deleuze.