samedi 10 octobre 2015

Christophe Bordez Répond À Tous

Chers amis.

La passion a frappé ! Le cheval de trait, c’est avant tout une affaire de cœur ! Le blog de (notre) Jean-Léo ;)) exprime toute sa raison d’être.

Je vais tenter de synthétiser ma réaction suite aux vôtres. En premier lieu, ma volonté n’est absolument pas de mettre le feu aux poudres, de détruire quoi que ce soit mais bien de construire et faire bouger les lignes. De par le passé, j’ai pu faire preuve de véhémence ou de maladresse (sur ce même blog) et m’en excuse. Mon intention ne fut cependant pas de blesser mais faire bouger une planète figée et non réceptive. Je n’ai rien à gagner (ni à perdre d’ailleurs !).

Tout d’abord, pour les néophytes, la SHF (Société Hippique de France) a pour mission la promotion de l’élevage et la valorisation des jeunes chevaux dans des disciplines CSO, dressage, endurance, attelage (et d’autres je pense). Vous pouvez aller sur son site pour découvrir ses missions et actions. Elle a fêté son 150ème  anniversaire d’existence cette année.

Que ce soit bien clair, les concours d’élevage sont vitaux. Simonetta le souligne très justement, ce sont eux les garde-fous permettant de ne pas tomber dans du grand n’importe quoi comme aux USA où les percherons sont en train de devenir d’autres chevaux. Mon propos n’est pas une critique, Pierre-Yves, simplement peut-on imaginer faire évoluer l’existant pour s’adapter à notre monde qui change, ou donner du sens à ces concours d’élevage. Je retiens l’idée de Gérard pour développer l’équité : avoir plusieurs examinateurs qui jugent simultanément  seuls. La note finale serait obtenue par la moyenne. Tout comme en attelage de compétition où, selon le niveau de l’épreuve, les juges sont au nombre de 3 à 5 (en élite 7) autour de la carrière, sans communication entre eux. Les examinateurs des concours attellent-ils des chevaux ? Sont-ils informés  des disciplines existantes ouvertes aux chevaux de trait ? Ne rien connaître à l’attelage, c’est justement  là  que le bât blesse. 

L’attelage constitue probablement le principal  débouché de nos chevaux. Ceci est comparable à un constructeur automobile qui produirait des voitures sans se soucier des contraintes environnementales, de sécurité, règlementaires, de confort, etc. ; ses produits ne correspondraient pas aux attentes des automobilistes. Des éleveurs pratiquent l’attelage et c’est rassurant. Oui Virginia, il serait intéressant que l’éleveur reparte avec une feuille de jugement (plus détaillée  que celle existante et une par juge) avec les commentaires positifs comme négatifs sur l’animal. L’éleveur saurait sur quoi progresser, tout comme le meneur qui récupère les protocoles notés et commentés par chacun des juges lors de la remise des prix à la fin du concours.  

Quand  je gagne, ce qui me fait plaisir ce n’est pas le fait d’être devant les autres. Ce qui me remplit de satisfaction c’est de voir mon travail récompensé (et pas forcément à la première place) par l’évolution de ma notation. L’élevage ne peut pas être une compétition. Je l’ai davantage ressenti comme étant viscéral. La principale difficulté, qui est aussi une force dans notre race, est d’ordre génétique ! Pas la génétique des chevaux, mais celle des éleveurs de percherons !  Il y a un gène « élevage » !  Cette catégorie d’éleveurs ont leur activité d’élevage dans le sang, leur principal souci est plus de faire naître des poulains que de s’interroger sur leur devenir. Et je rejoins Francis, heureusement que ces éleveurs authentiques existent (ou ont existé, hélas) ces derniers permettent de bénéficier d’une diversité et d’un large panel de chevaux. Seulement aujourd’hui, le nombre de naissances est en diminution. Les poulains qui arrivent ou arriveront doivent, à plus forte raison, servir à quelque chose ou avoir une raison d’exister (en dehors de celle d’être présenté à un concours), sous peine de diminution des effectifs  globaux de la race.

Le cloisonnement de la planète percheronne constitue une véritable menace pour elle même. Je trouve pourtant l’idée de Sylvie tellement innovante et géniale : une ligne percherons  d’élevage et une autre percherons d’utilisation.  Les Franches-Montagnes sont jugés sur une batterie de tests d’utilisation avant de rentrer dans leur Stud-book. C’est vrai, la demande a peu changé, on attelle tout de même davantage à la voiture qu’à un brabant de nos jours. Pour avoir discuté avec des éleveurs , c’est vrai Marion que des éleveurs s’adaptent, font l’effort de se mettre à l’écoute, c’est la partie cachée de l’iceberg dont je parle dans mon texte… Ce sont sûrement ceux qui seraient intéressés par  la ligne utilisation dont parle Sylvie. Les autres races ont des soucis, voire de très gros soucis, exception faite des Bretons et Comtois (et Franche-Montagnes si tant est que nous pouvons parler de chevaux de trait)  qui ont beaucoup plus « fédéré » leurs énergies, leurs idées.

Oui, le prix aurait été différent si Charly avait été approuvé et je ne l’aurais probablement pas acheté. 

Oui, le prix des chevaux percherons constitue probablement un frein à leur utilisation. Je sais, c’est tabou dans le milieu. Mais franchement, que l’animal soit approuvé ou non, cela n’est absolument pas déterminant pour un utilisateur. D’ailleurs, que deviennent les étalons approuvés ? Que font-ils ? Existe t-il une telle demande de saillies qui justifie un tel nombre d’approbations ? Par contre il existe une demande en utilisation, certes trop minime pour faire vivre tous les éleveurs.

Les 450 € de gains, c’est pour l’ensemble des 7 concours disséminés entre le Pin et Compiègne (le gazole est loin d’être payé !!! et je ne vous parle pas du reste !!! Sinon il faut se convertir à l’attelage de jeunes chevaux en SHF ;))

Pour ce qui est de l’assiette, Corine, la mienne n’est vraiment pas très bonne (c’est pour cela que je me suis mis à l’attelage ;)). Ma femme et mes filles se chargent de ce domaine, dans les deux sens du terme d’ailleurs, c’est génial ! Et je n’ai pas la prétention d’être un «  guide ».

Enfin, pour l’anonyme qui me demande si Charly est entier ou hongre, cher M ou Mme X, je ne répondrai pas, parce que pour faire avancer il faut prendre position en se montrant avec courage. Ou, si vous êtes un homme, avoir des c------es puisque c’est le seul intérêt que vous portez à l’histoire.

En conclusion je terminerai par une phrase célèbre prononcée par M. Chirac à Johannesburg lors d’un sommet de la terre : « notre maison brûle mais nous regardons ailleurs ». Il nous faut réagir vite et surtout donner du sens. Je me suis « raréfié » (!) sur le blog, adoptant la tactique que mentionne Sylvie (et que hélas beaucoup d’autres ont adopté), c’est à dire celle de rester dans son coin, c’est plus tranquille et reposant. Je vous remercie de l’attention que vous avez prêtée à mon sujet.

Tous ensemble !
Percheronnement

Christophe

7 commentaires:

Sylvie MARTZ a dit…

Difficile de te répondre Christophe Tout est dit dans ta réponse, et tellement vrai
Continues juste à faire ce que tu fais car on a besoin de gens comme toi pour mettre en valeur notre race Tu diras sans doute qu'il y en a d'autres comme toi et c'est vrai, on les découvre peu à peu parce que oui, ils restent dans leur coin, souvent même inconnus de la SHPF qui ne les représente plus et ne s'en inquiète pas
Au point que maintenant, si on veut un cheval d'utilisation on a plus de chance de trouver sur le Bon Coin que sur le site de notre institution

Je ne sais pas si mon idée est géniale ou innovante, c'est juste une tentative de recherche de solution pour sortir du problème
En attendant, il faut continuer à utiliser et à fabriquer des chevaux pour cette application, même si on est que quelques uns et chacun dans son coin, le percheron au fond du coeur et se battant tous les jours pour lui, c'est la seule issue en attendant mieux

LICHTFUS, thierry (b) a dit…

Merci pour cette réponse complète. Les percherons doivent être montrés et sortis afin de les faire découvrir hors de leurs berceau (une partie de la france) En Belgique nous ne rencontrons que très peu de percherons sur les concours et les amateurs d'attelage pensent tous à de gros lourdauds qui ne savent pas se déplacer.
J'habite à 35 km de Libramont où chaque année en juillet se tient la plus grande foire agricole d'europe. J'invite les éleveurs à venir y montrer le bout du né comme le font les comtois, franche montagne,... Mais n'oublier pas d'emmener vos percherons et les faire découvrir. J'attends vos demandes de renseignements.

Unknown a dit…

Merci pour tes conclusions qui sont si vrai!!!!! et je te souhaite une bonne préparation pour l'année prochaine pour ton Charly. J’espère te rencontrer sur les terrains de concours pour animer notre passion, le cheval de trait, et plus ^particulièrement notre beau percheron
Benoit

Christophe Bordez a dit…

Je rebondis sur le commentaire de Sylvie et remercie Benoît, Thierry, et tous les autres .
Idée : et si on faisait une SUPF ? Société d’Utilisateurs de Percherons de France (ou SUPE d’Europe pour Thierry ;)). La seule condition serait d’utiliser un (des ) cheval (aux) de race percheronne. Tous ceux qui sont seuls dans leur coin, c’est à dire la partie cachée de l’iceberg, seraient moins seuls.
Dernière confidence, j’avoue avoir eu envie de « lâcher » la race, motifs : ma jument de tête vieillissante et pas super adaptée à ma discipline (trop longue, trop lourde, mais super mental), l’indifférence percheronne et tenté de basculer dans les chevaux légers. Je ne l’ai pas fait, c’est un certains Charly qui m’a remis le pied à l’étrier (merci Mickaël) ou plutôt à la voiture !
Allez à hue et à dia !
Percheronnement
Christophe

Pierre-Yves a dit…

La SHP peu s'entendre avec les utilisateurs satiriques de Charly Hebdo !
Pierre-Yves

Simonetta a dit…

Molto importante lavorare insieme su questi concetti, ma ribadisco, un mercato da non ignorare in questi anni difficili, non è detto che quello che negli anni passati andava bene,va bene anche adesso, quanti cavalli hanno trovato un "lavoro" e non la strada del macello grazie a pochi utilizzatori che spingono e spingono per valorizzare e promuovere la Razza Percheron.
Quando ho iniziato a portare in giro il mio Stallone, avevo un unico pensiero.... FAI VEDERE COSA PUO' FARE UN PERCHERON e alcune persone si sono avvicinate alla razza dopo avere visto cosa si può fare.... forza allora

JLD a dit…

Simonetta a dit :
"C’est très important de travailler ensemble sur ces concepts, mais je le répète, l’utilisation est un marché à ne pas négliger dans ces années difficiles.
Ce qui était très bien hier ne l’est pas forcément aujourd’hui.
Combien de chevaux ont trouvé un «travail», et pas l'abattoir, grâce à quelques utilisateurs qui poussent et poussent pour améliorer et promouvoir la race percheronne.
Quand j’ai commencé à montrer mon étalon dans des spectacles, je n’avais qu’une pensée.... FAIRE VOIR CE QUE PEUT FAIRE UN PERCHERON et quelques personnes sont venues à la race après avoir vu ce qu’elle peut faire…"