La visite de représentants du Comité Marketing de l'Association américaine du cheval percheron (PHAoA) à l'occasion du 113ème Concours national de la race au Haras du Pin les 26 & 27 septembre ne doit pas être prise à la légère. En intégrant le Programme de promotion à l'export (European Equine Programme) de l'USLGE (voir sujet précédent sur ce blog), on peut penser que l'Association percheronne des États-Unis s'engage vis-à-vis de la France et de l'Europe non pas dans une action ponctuelle mais dans une opération marketing basée sur le long terme.
H. F. Thunder's Supreme, 11 ans, à D. Hardy (Michigan, 2012).
Dans un document de l'USLGE publié sur son site Internet, qui explique les stratégies et les actions promotionnelles 2015 menées en Europe avec pour objectif le développement des exportations du capital génétique américain, on trouve des informations dignes d'intérêt : "L'Europe est le plus important marché pour la génétique équine américaine... La diversité et la singularité des races de chevaux aux États-Unis doivent être reconnues dans la mesure où les différences [de nos races] sont des facteurs déterminants pour la commercialisation vers des clients d'autres régions... [Nous devons] continuer à fournir des juges professionnels sur les concours pour faire croître l'enthousiasme pour les races de chevaux américaines, organiser des conférences, des séminaires, fournir du matériel promotionnel, continuer à éduquer les éventuels propriétaires et promouvoir la semence réfrigérée et congelée".
Compétition à 4 percherons de front, (Congrès mondial, Des Moines, Iowa 2010).
Parmi les races qui ont intégré le Programme de promotion à l'export de l'USLGE figure une seule race de trait américaine (deux désormais, avec la race percheronne), la race Clydesdale d'origine écossaise.
Il n'est pas inintéressant de parcourir la fiche technique publiée par l'USLGE à propos des actions de promotion envisagées en Écosse pour l'année 2015. "Bien que la plupart des lignées de Clydesdales les plus répandues aux États-Unis aient pour origine des étalons et des juments importés d'Écosse au cours du siècle dernier, il apparaît que le stock génétique Clydesdale en Écosse est en forte diminution. Il semble donc qu'il y ait un fort potentiel pour l'exportation de Clydesdales de grande qualité vers l'Écosse".
Clydesdales (Canada, Ontario 2008).
"Deux représentants de la race Clydesdale aux États-Unis vont se rendre à la foire "Royal Highland" à Edimburg en juin 2015. Des informations promotionnelles adaptées seront délivrées aux éleveurs écossais pour leur faire prendre conscience de la supériorité des réserves génétiques Clydesdales disponibles aux États-Unis. Pour cela, nous utiliserons des documents imprimés et des DVD..."
Anderson's Bentley, 3 ans, à Windermere Farms (Pennsylvanie 2015).
"... Dans la mesure où il s'agit du plus grand show d'animaux de ferme dans la région [Edimburg] et que cette foire est bien suivie par les éleveurs de Clydesdales, cela devrait permettre un climat favorable pour faire prendre conscience à ces éleveurs de la supériorité de la génétique Clydesdale disponible aux États-Unis. Une tente sera disposée près des écuries de Clydesdales à ce show et sera utilisée pour distribuer du matériel promotionnel. Une rencontre avec les éleveurs sera organisée... On peut aussi espérer attirer de 75 à 100 enthousiastes potentiels pour des discussions à propos de l'importation de Clydesdales des États-Unis".
Détente avant d'entrer dans l'arène (Congrès mondial, Des Moines, Iowa 2010).
Bien évidemment, il ne s'agit là que de la traduction d'une fiche de travail concernant la race Clydesdale. Mais on peut penser que les membres du Comité Marketing de la PHAoA n'auront pas pour objectif de se limiter à une visite de courtoisie sans lendemain mais d'entreprendre une mission de prospection basée sur le long terme qui pourrait ressembler à celle en cours auprès des Clydesdales écossais.
7 commentaires:
"La Stratégie est à la tactique, ce que le Haut-de-forme est à la casquette", cette citation est de Grégoire Lacroix.
Attendons-nous donc à voir défiler des Hauts-de-forme made in USA au Championnat de France Percheron, au beau milieu de nos casquettes...
Mais attention, même sous une simple casquette, "un homme averti en vaut deux" !
Qui accueille les Américains au Pin ?
Quels sont les élevages visités dans le Perche ?
Sauf erreur de notre part, pas la SHPF, laquelle n'est pas au courant de tout cela.
Quant aux élevages visités, la SHPF n'est pas au courant non plus.
Alors si la SHPF n'est au courant de rien, y aurait-il dans le petit monde Percheron, quelques mauvais électriciens prêts à tout faire court-circuiter ?
As ce que je vois rien n'a beaucoup changé
Jean-Marie Rousset a dit...
Je crois que cette possibilité de voir les américains venir vendre en France leur propre production a déjà été annoncée par le Sous-Préfet de Nogent-le-Rotrou...
Il s'agit de monsieur Charles DAUBIAN DELISLE, il en parle dans un livre de 1886!
C'est un petit livre très intéressant d'une trentaine de pages "Le cheval Percheron, La société hippique percheronne, son stud-book", il y parle d'autres sujets qui sont étonnamment encore d'actualité comme le format léger du cheval Percheron... par exemple.
Un prophète ce monsieur?
C'est en effet à la page 13 de cette étude publiée en 1886 qui comporte 29 pages que le sous-préfet de Nogent-le-Rotrou, Ch. Daubian-Delisle, parle en ces termes des Américains :
"Les Américains tendent à coup sûr à constituer une race. Ils réussiront ou ils échoueront. Dans tous les cas, ils sauront bientôt à quoi s'en tenir. Ils achètent régulièrement des chevaux dans le Perche depuis une quinzaine d'années. S'ils doivent échouer dans leur entreprise, ils cesseront leur importation lorsqu'ils en auront acquis la certitude, et cela peut se faire à tout coup. S'ils réussissent, au contraire, les achats cesseront également lorsque la race sera confirmée, ce qui pourrait ne pas tarder, et nous verrons peut-être alors l'exportation des chevaux percherons, qui fait aujourd'hui la fortune du Perche, remplacée par des offres de vente faites sur le continent par les Américains qui produiront à leur tour, pour l'exportation, le cheval percheron américain devenu un article de concurrence sur les marchés".
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