lundi 4 novembre 2013

La Balade Des Jean Heureux


Un coup de fil en toute fin d'après-midi. De Jean-François Lafon.
"Demain, je suis chez Fiona, toute la journée. La vigne jaunit à vue d'œil".
La météo annonce du beau temps. Fiona, Fiona Beeston, à Chinon en Indre-et-Loire. Le Clos des Capucins, sur une hauteur surplombant ville et Vienne avec vue sur la forteresse. Un cadre fait pour les photographes, et une terre dédiée à la culture de la vigne.
Branle-bas de combat. Préparer le sac photo. Départ, 5 heures le lendemain matin, pour être à pied d'œuvre au lever du soleil.


Époustouflant. Au 1er plan, un tapis doré avec des incrustations orangées. Plus loin, à l'arrière-plan, la forteresse, la ville et le pont qui enjambe la rivière.
Jean-François procède à quelques réglages sur sa charrue vigneronne. "Elle est réglée pour Quercy". Mais aujourd'hui, pas de percheron, il est venu avec Isis, sa bretonne. "C'est la préférée de Fiona". Mais ce n'est pas la seule raison. Isis est une merveille de jument vigneronne. Elle glisse à pas lents dans le rang, s'arrêtant au moindre contact de l'outil avec un obstacle. "Isis est parfaite pour travailler sous le rang. C'est avec elle que je butte et que je décavaillonne". Le canadien dans le rang, travail plus exigeant en terme de puissance, c'est pour Quercy.

Isis a une histoire. Longue de déjà 18 ans. Avec 6 ans auprès de l'INRA, consacrés au transfert d'embryon ; puis 6 ans au pré chez un propriétaire privé, consacrés à brouter de l'herbe. C'est Jean-François qui l'a mise au travail, tout en douceur, il y a 3 ans.
Visiblement, Jean-François va bien. La traction animale rendrait-elle heureux ? Révolues les années de transport routier. En nocturne. Désormais, il vit de, avec et pour ses 7 chevaux de trait. Entre vigne, débardage et animations diverses.





En bout de rang, l'homme et l'animal soufflent un peu. Courte pause pendant laquelle Jean-François évoque le confort du cheval, la nécessité de le ménager à tout prix. Tous ses chevaux sont utilisés là où ils sont les meilleurs. Débardage pour l'un, attelé en animation pour l'autre... Isis sous le rang.

Quelques rangs plus tard, nouvelle pause, avec cette fois une petite histoire... grinçante.
"L'ouvrier se plaint à son patron du bruit fait par sa brouette.
-Patron, elle fait couic.... couic.... couic....
-Ce n'est pas couic.... couic.... couic.... qu'elle doit faire. Mais couic. couic. couic".
Isis s'engage dans le collier et remonte le rang. La charrue glisse en silence. La terre se retourne au passage de l'outil. Ni couic, ni couac.

Fiona s'est découvert, il y a 3 ans, une passion pour cette vigne en Cabernet franc d'1,5 hectare en 4 parcelles. Reprendre l'entretien, mais au cheval avec un prestataire ; aller vers la certification bio, ce qui devrait être fait dans un an. Elle n'a pas ménagé ses efforts, remuant ciel et surtout terres du domaine du Clos des Capucins.








Jean-Marie, comme d'autres gens des vignobles du coin en balade, vient voir Jean-François, le laboureur au cheval. Entre Jean composés, le courant passe. Jean-Marie prend la charrue en main pour quelques allers-retours d'essai. Pendant que Jean-François prodigue ses conseils. Sous l'objectif d'un autre Jean composé. Voilà ce qui s'appelle avoir de l'entre-Jean. La bretonne, imperturbable, rentre dans le rang comme si de rien n'était. Plus coutumier de la mise en bouteille, Jean-Marie se fait mettre en boîte.
Le demi-tour en bout de rang est un moment critique. "Tu te couches sur ton labour", conseille Jean-François qui ajoute aussitôt, plus explicite : "Tu couches ta charrue sur le labour". Beaucoup plus clair.
Fiona apparaît à une fenêtre, ravie de voir que sa vigne fait le bonheur des Jean.
Jean-François poursuit dans le registre sérieux. Docte, il cite les anciens : -"Tout ce qui est butté à la Saint-Jean se reprend facilement". 
-"C'est quand, la Saint-Jean ?", murmure Jean-Marie.


Pour tout savoir sur le Clos des Capucins :

Jean-François Lafon
Le guignier
37370 Saint-Paterne-Racan
06.14.86.12.99.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Cette belle bretonne, pourtant sans bonnet rouge manifeste son éco-participation avec ces "Jean" bien intentionnés... Nicolas GARNIER