L'arrivée de nouvelles équipes municipales à Maxéville (Meurthe-et-Moselle), Saint-Pierre-sur-Dives (Calvados) et Villebarou (Loir-et-Cher) a eu pour conséquence l'arrêt des services de transport scolaire hippomobile en place dans ces trois villes.
Dans ce contexte particulier, il nous a paru intéressant de connaître la réaction du président de la Commission nationale des Chevaux territoriaux, Olivier Linot. Contacté par courrier électronique, Olivier Linot a très volontiers accepté de répondre à nos questions.
Olivier Linot au Congrès national des chevaux territoriaux en 2013.
Avec l'arrêt des services hippomobiles à Maxéville, Saint-Pierre-sur-Dives et Villebarou, peut-on dire que le cheval territorial traverse une mauvaise passe ?
Tout d'abord, on ne peut pas dire que le tableau soit noir. En effet, lorsque trois communes s'arrêtent, une dizaine travaille avec la Commission nationale des Chevaux territoriaux [CNCT] ou les Haras nationaux pour se lancer dans l'aventure. Le bilan est donc toujours dans le positif. Nous connaissons même des succès très encourageants. Ainsi la commune de Dozulé [Calvados] qui, avec le soutien de la Commission a installé un percheron il y a six mois et qui enregistre des résultats très probants, au point d'envisager de baisser la taxe sur les ordures ménagères au regard de l'excellent travail réalisé par l'attelage hippomobile de collecte de déchets.
Il est vrai que les services hippomobiles qui s'arrêtent font les frais du changement de politique. Les équipes municipales changent et sont souveraines. Bien évidemment, je ne souhaite en aucun cas critiquer leur choix.
La remise en cause des services hippomobiles dans les trois villes précédemment citées ne découle-t-elle pas de bilans comptables tout simplement très défavorables ?
Si je dispose d'informations pour Maxéville et Saint-Pierre-sur-Dives, je n'en ai aucune pour Villebarou. En ce qui concerne Saint-Pierre, le cheval n'avait plus qu'une seule mission, celle de transport scolaire. Il est évident que, dans ces conditions, le service hippomobile coûte cher et ne peut pas être rentabilisé. C'est dur de voir un service s'arrêter après vingt-et-un an d'existence, mais une fois encore, les élus sont souverains et ils doivent pouvoir assumer leurs choix sans noircir le tableau sur le plan comptable. Il est évident que, si un service n'est pas utilisé à plusieurs tâches plusieurs fois par semaine, il est beaucoup moins rentable qu'un service au quotidien, de collecte de déchets par exemple.
En ce qui concerne Maxéville, la CNCT tente de trouver des solutions pour les chevaux. La paire a été testée durant les Jeux équestres mondiaux. Elle a donné entière satisfaction et nous devrions réinstaller les chevaux avant la fin de l'année 2014 dans une autre commune. Nous transmettons un message de solidarité et d'encouragements à nos collègues cochers et suiveurs qui, bien évidemment, vivent très mal l'arrêt de leur service. La CNCT se tient à la disposition des communes pour les aider et les renseigner dans la pérennisation de leurs services ou le transfert des talents et des compétences vers d'autres communes.
Le contexte économique difficile que traverse le pays ne joue-t-il pas en défaveur du cheval territorial ?
Il est évident que le contexte économique des collectivités territoriales, avec la réduction des dotations de l'État, n'est pas favorable aux nouvelles expériences en général et à l'implantation des services hippomobiles en particulier. En effet, même si le service coûte moins cher dans son fonctionnement (ce qui est toujours le cas à prestations égales), il faut faire un effort d'investissement pour acheter chevaux et matériels, ce qui n'est pas évident à l'heure actuelle.
Dans cette période de budgets serrés, il est encore plus impératif que tous les acteurs de la filière s'unissent et travaillent ensemble. La Commission nationale des Chevaux territoriaux assure conjointement avec les Haras nationaux des études d'implantation en ce moment, démontrant que l'union fait la force.
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