vendredi 12 octobre 2012

Alençon Et Le Cheval Territorial


Mais que peut bien faire Fabrice Vanderschooten avec ses percherons et cet avant-train rutilant-neuf sur ce parking de l'Espace associatif de la Pyramide à Alençon dans l'Orne en ce matin pluvieux du 11 octobre ?


Journée particulière puisque la Commission nationale des Chevaux territoriaux, représentée par son président Olivier Linot, par Lydia Mallet et Éric Morel, remettait aux élus de la ville l'étude technico-économique de faisabilité pour la mise en place d'un service hippomobile dans la préfecture de l'Orne.

Cette présentation officielle qui a eu lieu en fin de matinée dans la salle du Conseil de l'Hôtel de ville a été précédée, malgré les averses, de démonstrations sur le terrain.


Fabrice Vanderschooten et les membres de la Commission nationale des Chevaux territoriaux étaient venus avec un large éventail de matériels hippomobiles modernes, benne basculante, avant-train à 4 roues, tondeuse hélicoïdale. Les démonstrations ont été quelque peu perturbées par la pluie et la tondeuse, qui devait être présentée en conditions réelles d'utilisation, est malheureusement restée sur l'asphalte.

Les élus alençonnais et les responsables de différents services municipaux ont cependant pu toucher du doigt la réalité de l'énergie animale en milieu urbain.

  • Présentation technique de la benne basculante.

  • Les élus, abrités sous leurs parapluies, ont suivi les démonstrations de matériels.

  • Fabrice Vanderschooten (à gauche) et Jean-Yves Proust.

Comme toujours lorsqu'un projet de cheval territorial se met en place, c'est qu'une volonté politique affirmée s'est exprimée. Mais c'est aussi qu'une personne s'est investie et a contribué à faire naître ce projet.

Il est incontestable que la présence du meneur sarthois Jean-Yves Proust au sein des Services municipaux d'Alençon a été déterminante dans l'élaboration de ce projet de cheval territorial.

  • Olivier Linot présente aux élus la tondeuse hélicoïdale accrochée à un avant-train.


  • Sur l'asphalte, à défaut de pouvoir effectuer une démonstration sur la pelouse.

  • Jean-Claude Pavis, élu municipal, a pris place aux côtés du meneur.


Les élus alençonnais et les responsables des Services techniques ont eu la chance de découvrir la toute dernière mouture de l'avant-train Bernard Michon Hippomobile (BMH) arrivé la veille à Trouville-sur-Mer.

  • Représentants de la ville d'Alençon et membres de la Commission nationale des Chevaux territoriaux pendant la présentation de l'étude technico-économique de faisabilité.

En fin de matinée, élus, responsables de différents services municipaux et membres de la Commission nationale des Chevaux territoriaux se sont retrouvés à la mairie. Éric Morel, ingénieur environnemental de formation en charge de l'étude de faisabilité, a livré une note de synthèse de son travail avant que l'étude complète ne soit remise aux élus.

Cette étude aborde tous les aspects du cheval en milieu urbain, pour ce qui concerne la ville d'Alençon. Les aspects environnementaux, économiques et sociaux y sont étudiés en détail. Impossible de résumer en quelques phrases ce travail conséquent mais il est cependant possible de mettre en exergue quelques éléments.

Parmi les utilisations possibles du cheval à Alençon, Éric Morel cite :
  • la collecte de corbeilles de ville
  • la collecte de cartons en porte à porte pour les commerçants
  • la collecte de tri sélectif en porte à porte
  • la collecte du verre pour les bars et restaurants (création de service)
  • la tonte hippotractée
  • le désherbage vapeur hippotracté (création de service)
  • le désherbage mécanique hippotracté
  • l'arrosage des plantes et l'entretien d'espaces verts
  • le nettoyage des rives de la Sarthe
  • l'entretien des espaces sablés
  • le transport de personnes

Il ne serait bien évidemment pas réaliste de vouloir mettre toutes ces activités en place rapidement. Il convient de démarrer par exemple avec les collectes de déchets, puis d'accroître au fil du temps les activités de manière très progressive.

  • Éric Morel, de la Commission nationale des Chevaux territoriaux, qui a réalisé l'étude de faisabilité.

Une telle étude serait incomplète sans un bilan économique détaillé. Le travail d'Éric Morel n'a pas failli dans ce domaine. Deux hypothèses ont été envisagées. La création d'un service hippomobile en régie (géré par la ville) dès le début et seconde possibilité, avec un démarrage en prestation de services puis un transfert progressif au bout d'un an à la ville qui reprendrait donc les activités en régie. Tous les investissements (hébergement du cheval à construire, matériels, chevaux) et les frais de fonctionnement ont été étudiés.

La présence de Jean-Yves Proust (homme de cheval et meneur confirmé dans toutes les disciplines de l'attelage) au sein de l'équipe technique de la ville constitue bien évidemment un avantage appréciable dans la mise en place de ce service hippomobile.

En résumant succinctement, on peut dire que tous les services hippomobiles envisagés ne sont pas plus coûteux que les mêmes services effectués avec des moyens motorisés. Cette étude montre même qu'au fil du temps, quelques années, les services hippomobiles deviennent moins coûteux et permettent de réaliser des économies substantielles.

En conclusion, Jean-Claude Pavis, représentant les élus, a confirmé la forte volonté de l'équipe municipale, et il a précisé que le Conseil était en phase de préparation budgétaire et qu'une décision pourrait être proche.

Un démarrage en douceur avec des périodes tests pourrait être envisagé dans la première moitié de 2013. Le service en régie directe et complète pouvant alors être opérationnel au cours de l'année 2014.

Comme on le voit, la mise en place d'un service hippomobile en milieu urbain, s'il est fait dans les règles de l'art, avec étude préalable de faisabilité, demande pour le moins une période d'élaboration de 2 ans.

À ce jour, environ 150 communes ou villes se sont engagées dans des services de collecte de déchets ou d'entretien d'espaces verts (5 ou 6 en Basse-Normandie), et, si l'on compte toutes les activités faisant appel au cheval en ville (transport de personnes, surveillance...), on arrive facilement au chiffre de 300.

Il reste à espérer que cette dynamique ne fera que s'accentuer et que dans le même temps, les Associations nationales de races de chevaux de trait auront à coeur d'accomplir leur part de travail en mettant tout en oeuvre pour que la formation de chevaux prêts au travail en milieu urbain puisse répondre à la demande.

Il est communément admis que le travail hippomobile en milieu urbain ne peut se faire qu'avec des chevaux très bien préparés à ce type d'activité et un peu plus âgés que les chevaux fréquemment utilisés dans d'autres activités attelées. Question de sécurité. L'étude de faisabilité fait ressortir, pour l'achat d'une paire de chevaux tractionneurs, un chiffre de 6000 € par cheval.

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