lundi 15 décembre 2014

Le Percheron, Le Paysan & Le Chien



Mes pensées encore enfouies dans les arbousiers et les baccharis (voir les sujets des 7/12 et 10/12 2014), je quitte l'île de Noirmoutier.
La 4-voies me conduit directement et à bonne vitesse au pont qui relie l'île au continent. Le passage du Gois étant impraticable pour cause de marée haute. Quand tout à coup, à la hauteur de Barbâtre, je suis victime d'hallucinations. La conséquence d'une exposition trop longue au vent marin particulièrement décoiffant ce jour-là ? C'est un fait connu et vérifié : le vent rend fou.
J'ai beau me frotter les yeux, en lâchant le volant bien sûr, les hallucinations persistent. Là, de l'autre côté de la 4-voies, un cheval percheron en train de tirer un canadien. Ce qui a toute l'apparence d'un paysan, accompagné de son chien, complète le tableau. Il n'y a peut-être pas que le vent. Cela devait arriver. Toutes ces années passées à vivre "percheron" me montent probablement à la tête.
En une fraction de seconde, je décide de m'arrêter. Sans doute plus prudent. Clignotant. Coup de volant à droite. Me voilà les quatre pneus englués dans le sol spongieux. "Attention, accotements non stabilisés", disait pourtant un panneau rencontré peu de temps avant mes hallucinations.
Un coup d'œil à gauche, de l'autre côté du double ruban d'asphalte. Ils sont toujours là, le percheron, le paysan et le chien ! Des hallucinations, je vous dis. Il y a bien longtemps que l'on ne voit plus de chevaux de trait au travail dans les champs. La dernière fois que j'en ai vu, c'était sur une peinture de Rosa Bonheur... enfin... sur une copie.
Le doute s'installe malgré tout. Et si c'était un vrai percheron, un vrai paysan et un vrai chien ? Je décide d'y aller. Traverser la 4-voies, sauter un fossé rempli d'eau et enfin traverser une bande de terre ensemencée.
-"Bonjour ! Moi, c'est Nicolas. Ma percheronne, c'est Violette et mon chien, c'est Balou.
-Moi, c'est...
-Oui oui, je te connais. On m'a déjà prévenu que tu étais sur l'île. Quand tu t'es arrêté sur le bord de la 4-voies, j'ai bien cru que j'avais des hallucinations !"





Nicolas Clouet n'est pas un paysan comme presque tous les autres. C'est un paysan paysan. Enfin... un partisan d'une agriculture paysanne. Avec sa compagne Virginie, ils ont des vaches. Une quinzaine. Des maraîchines. Une race à petit effectif. Alors bien sûr, Nicolas était à la Fête de la vache nantaise en septembre dernier.
En plus des vaches, il y a les percheronnes, Violette (Victoria de la Dalle) et Bardane (Belle de la Saulaie). "J'en ai acheté une, Violette, à un marchand en Normandie, et l'autre, Bardane, dans la Mayenne". Les percheronnes, c'est pour travailler la terre. "Je fais des légumes de plein champ, des légumes courants, mais sur une grande surface".
Nos hallucinations respectives envolées, rassurés, nous nous promettons de nous revoir. Au printemps. Autour de Violette et Bardane attelées à la bineuse.

Belle de la Saulaie, dite Bardane.





Nicolas Clouet
06.49.26.34.14.

Victoria de la Dalle, dite Violette, née chez Francis Hébert dans la Manche, par Quincie des Grappes et Fabuleuse par Uranus.

Belle de la Saulaie, dite Bardane, née chez Patrick Chevalier dans la Mayenne, par Seigneur des Hâtes et Suzie de la Saulaie par Monseigneur 4. 

2 commentaires:

Brigitte Guillaume a dit…

Joli tableau...
Mais cette histoire ne dit pas si les quatre pneus englués du vrai photographe ont été tirés de là par Violette ?
Il n'en demeure pas moins que cette rencontre, dépeinte ainsi, est un vrai "Bonheur"...

Anonyme a dit…

J'ai cru lire du La Fontaine !...
En même temps, cette belle rencontre m'a remplie d'espoir pour renforcer ma détermination à avancer dans la mise en place d'un projet qui célébrerait les chevaux de trait et les chiens guides d'aveugles, en partenariat avec Faire à Cheval et Trait 33.
Merci Jean-Léo !

Maïté ESPAGNET