mardi 16 décembre 2014

Traits À La Baisse


"La baisse du cheptel se poursuit". C'est par cette phrase sortie tout droit des bilans chiffrés officiels de l'année 2013 (source : IFCE/SIRE) que l'on peut résumer les évolutions récentes de l'élevage des chevaux de trait en France.

Intéressons-nous d'abord aux naissances.
En 2013, le chiffre des naissances pour la race percheronne vient de passer sous la barre des 1000. Exactement 996. Il y avait 1114 naissances en 2012. En dix ans, la diminution des naissances percheronnes est de 24% (1304 en 2003).

Pour les autres races de trait françaises, la tendance est aussi à la baisse sur les dix dernières années.
- Ardennais. Moins 11% en 10 ans. 685 naissances en 2013.
- Auxois. Moins 1% en 10 ans. 126 naissances en 2013.
- Boulonnais. Moins 46% en 10 ans. 174 naissances en 2013.
- Breton. Moins 18% en 10 ans. 3018 naissances en 2013.
- Cob normand. Moins 61% en 10 ans. 241 naissances en 2013.
- Comtois. Moins 13% en 10 ans. 3805 naissances en 2013.
- Poitevin. Moins 25% en 10 ans. 61 naissances en 2013.
-Trait du Nord. Plus 3% en 10 ans. 127 naissances en 2013.
Le total des naissances toutes races de trait françaises confondues s'élève à 12 014 pour 2013.



Regardons maintenant dans le détail les juments saillies.
En 2013, on a enregistré 1884 juments percheronnes saillies. Il y en avait 2421 en 2008. La baisse est de 6% entre 2012 et 2013 et de 22% en dix ans (2412 en 2003).

Pour les autres races de trait françaises, la baisse des juments saillies est quasiment générale.
- Ardennais. Moins 7% entre 2012 et 2013 et moins 13% en 10 ans.
- Auxois. Moins 2% entre 2012 et 2013 et plus 2% en 10 ans.
- Boulonnais. Moins 8% entre 2012 et 2013 et moins 39% en 10 ans.
- Breton. Moins 7% entre 2012 et 2013 et moins 12% en 10 ans.
- Cob normand. Moins 9% entre 2012 et 2013 et moins 59% en 10 ans.
- Comtois. Moins 8% entre 2012 et 2013 et moins 16% en 10 ans.
- Poitevin. Moins 4% entre 2012 et 2013 et moins 25% en 10 ans.
- Trait du Nord. Moins 10% entre 2012 et 2013 et moins 15% en 10 ans.
Une étude de la répartition géographique des poulinières montre que "plus de 4 poulinières sur 10 sont stationnées en Auvergne, Midi-Pyrénées et Aquitaine".



Une dernière série de chiffres avec les étalons de trait actifs en France en 2013.
En 2013, 179 étalons percherons ont effectué la monte. Une baisse de 1% par rapport à 2012 et un chiffre identique en 2013 à ce qu'il était en 2003.

Dans les autres races, en dehors de la race auxoise, la tendance est à la baisse sur les dix dernières années.
- Ardennais. Moins 17% entre 2003 et 2013.
- Auxois. Plus 8% entre 2003 et 2013.
- Boulonnais. Moins 20% entre 2003 et 2013.
- Breton. Moins 7% entre 2003 et 2013.
- Cob normand. Moins 33% entre 2003 et 2013.
- Comtois. Moins 1% entre 2003 et 2013.
- Poitevin. Moins 18% entre 2003 et 2013.
- Trait du Nord. Moins 43% entre 2003 et 2013.
Il n'est pas inutile de rappeler cette phrase du Général de Gaulle rapportée récemment par Didier Deschamps (à propos de l'équipe de France de football) dans Le Journal du Dimanche : "Les statistiques, c'est comme les mini-jupes : ça donne des idées mais ça cache l'essentiel".


5 commentaires:

Anonyme a dit…

l auvergne, le midi pyrénnée ,l aquitaine ,le rhone alpes ,le limousin ... ont plus de 5 juments sur 10. Avec la SFET c est les stud book qui vont gérer l es concours chez nous je pense que cela ne vas pas durée
eric bordas

Anonyme a dit…

Jean Léo Dugast bonjour
(Réaction tardive)
Jean léo pour réagir à votre article "Traits à la baisse"
Les statistiques font peur pour les générations futures.
Pour tous ceux qui aiment le pouvoir, s'il n'y a pas d'ouverture en politique,possibilité de se tourner vers la filiére Equine, il va falloir du monde dans les bureaux pour relever le défit.
On y perd son latin dans tout ces groupements, syndicats, associations et les statistiques sont toujours à la baisse.
IFCE
GIP
FRANCE TRAIT
AQUITRAIT
SYNDICAT DES ELEVEURS DE TRAITS (Par races)
CEB
SFET
ASSOCIATIONS DE CHEVAUX DE TRAITS (par départements)et j'en passe.
Tout cela fait du monde à nourrir, et les trois quarts ne mange pas de cheval je suis sûr.
Beaucoup de monde autour de la table Equine.
Beaucoup trop de bruit et de brouhaha en réunion, les bonnes idées ne sont peut-être pas entendues!
Si Napoléon et Colbert revenaient ils en auraient des mains à serrer!
Pour reprendre avec humour la phrase du Général de Gaulle.
"Je pense qu'il va falloir raccourcir et pourquoi pas supprimer les mini-jupes pour vraiement voir l'essentiel du probléme."
Amicalement
Michel Dambon

Marion a dit…

La question est: vaut-il mieux faire naître deux poulains sélectionnés ayant un avenir à moyen et long terme ou dix poulains par des juments lambdas qui risquent très rapidement de finir en pâté pour chien car ces poulains ne seront même pas avec les qualités recherchées pour la viande de cheval pour la consommation humaine actuelle? Aux associations de race d'être actives et de motiver les éleveurs pour aller dans la bonne direction...
Marion

Sylvain CHERON a dit…

De l'élevage sans boucherie, on en rêverait tous !
Seulement voilà :
C'est devoir élever longtemps des animaux non-utilisables.
C'est se priver d'un amortisseur de charges.
C'est devoir vendre beaucoup plus cher ses produits pour rentabiliser l'élevage.
C'est donc avoir encore plus de difficultés pour trouver des débouchés et à l'autre bout de la chaîne c'est aussi décourager des vocations d'utilisateurs.
Et les petits éleveurs dans tout ça...

Chrysole a dit…

Globalement si l'on regarde ces chiffres, on s'aperçoit que les races qui subissent les plus faibles baisses d'effectif sont celles qui ont un débouché hippophagique régulier et organisé (comtois et breton).
C'est ce même débouché qui a permis de sauver nos races dans les années 80, avant l'essor du cheval de trait de loisir puis utilitaire.
On constate aujourd'hui que ce créneau de l'utilisation n'est pas suffisant. Certes comme le souligne Marrion, la caractérisation est un bon outil pour proposer des sujets aptes et sûrs à la fonction de cheval de service ou de famille.
Mais acceptons l'idée que cela ne suffit pas pour l'instant à maintenir le cheptel de poulinières.
Il y a donc certainement deux combats à mener de front, l'utilisation et l'hippophagique.
Pour ce dernier déboucher, il est important d'expliquer aux gens qui montent dans nos attelages ou viennent caresser nos chevaux sur les manifestations que manger du cheval n'est pas anti-cheval, au contraire.
Etant cocher,depuis quelque temps, c'est le message que je tente de faire passer lors de mes rencontres.Je ne dit pas que tous demandent à leur boucher de recommander du poulain, mais je m'aperçois que les gens surpris du raisonnement finissent par comprendre ce point de vue.
Il m'est arrivé plusieurs fois de demander dans les étales de la viande de cheval et il n'y en a jamais, cervelas mis à part.
C'est peut-être aussi à nous de donner l'exemple en mangeant du cheval comme le souligne michel Dambon. Certains syndicats de race l'ont bien compris et ça ne les empêchent pas de valoriser des produits sur le marché de l'attelage voir d'en être la plus grande référence. Au contraire, l'issue bouchère peut améliorer la sélection des produits qui arriveront sur le marché du cheval de services en épurant le cheptel de produits infirmes par exemple.
Je prend donc une bonne résolution pour 2015; l'année prochaine je m'engage à manger du poulain et à en utiliser d'autres comme d'habitude, ça nous redonnera peut-être un coup de fouet !

Chrysole Dupont